Atelier du 20 novembre 2021

mardi 30 novembre 2021, par Caroline Lanos

Animé par Geneviève

1- Ecrire un texte sous forme en débutant chaque phrase par : Avant, je croyais...
2- Lecture et schéma de l’allégorie de la Caverne de Platon
3- Imaginez un personnage ou un groupe de personnage ayant vécu une situation d’enfermement et se retrouvant à la lumière, à l’air libre. Quelles sont leurs réactions ? Que voient-ils ? Que font-ils ?
Votre texte se terminera par "La clarté, c’est une juste répartition d’ombres et de lumières"

Avant je croyais au Père Noël et à la petite souris
Avant je croyais que je garderais toujours ma petite sœur
Avant je croyais que j’aurais toujours 10 ans
Avant je croyais que mes parents ne mourraient jamais
Avant je croyais à l’amitié et à la sincérité
Avant je croyais à la vérité et à la justice
Avant je croyais en Dieu
Avant je croyais à la liberté et à l’égalité
Avant je croyais devenir pianiste
Avant je croyais que mon prince serait toujours charmant
Avant je croyais avoir le temps
Avant je croyais en mes rêves
Avant je croyais devenir danseuse
Avant je croyais en mon corps
Avant je croyais que j’aurais confiance moi
Avant je croyais à la fraternité
Avant je croyais que la méchanceté n’existait pas
Avant je croyais que la violence était seulement dans la guerre
Avant je croyais à la simplicité
Avant je croyais que tout le monde aimait tout le monde
Avant je croyais que vieillir était un privilège

On vient d’un en-dedans, on arrive à la lumière en sortant de l’ombre, on ne se
connaît pas, on reste-là, on écoute et on ne comprend pas, on marche dans d’autres
pas, on nous tient la main, on nous façonne, on nous modèle, on nous dorlote, on
nous influence, on nous enchaîne à la caverne, on nous maîtrise, on ne voit pas plus
loin que le mur, on croit que c’est bien, on croit que le monde est étroit et sombre et
limité et construit, pourtant on aime la neige, on respire l’air du temps, on écoute et
on aime le chant des oiseaux, on s’accroupit auprès du chat, on suit le lapin blanc
avec Alice, on a une cape d’invisibilité, on a peur de la nuit, on grandit, jaillit
soudain un feu qui éclaire, sa lumière intrigue et appelle irrésistiblement.

On court vers la lumière, on s’échappe, on grandit encore, on s’émerveille, on se
découvre, on a un cœur qui bat, on a une tête qui pense, on étudie, on lit, on a des
amours, on regarde vers d’autres ailleurs, on écoute encore le piano de Bach, on
réfléchit, on dit : je suis qui ? Je vais où ? On pose des questions, on cherche des
réponses, on compare, on ne comprend pas tout, on crie à l’injustice, on se défend,
on se passionne, on rêve de vérité, on doute, on frémit d’impatience, on chuchote au
téléphone, on tend des fils, on accroche des mains, on se noie, on se perd, on
resurgit, on pleure, on marche vers la majorité, on attrape le flambeau, on espère, on
redevient enfant, on éclate de rire, on marche à travers l’épaisseur du temps .
On sort de la caverne, dehors le ciel est immensément bleu, le ciel est immensément
clair et lumineux et on marche encore, le corps est familier, on s’impose, on essaie,
on écoute encore, on nous juge, on pense : de quel droit ? On pleure encore, on
fulmine, on se révolte, on défile, on goûte le sel de la vie, on a des joies et des
peines, on chante, on s’intéresse, on apprécie, on aime, on s’émeut, on se souvient
du passé, on calcule, on imagine, on apprend toujours, on vote, on choisit, on écoute
la pluie et ses écritures, on s’émerveille, on voit la lumière du ciel s’assombrir, on
souffre, on trime, on tombe, on renonce, on se relève, on traîne des pieds dans les
feuilles mortes, le ciel entonne un bruyant tonnerre et des éclairs éblouissent nos
yeux et des bombes éclatent, on devient intranquilles, troublés, inquiets, fragiles, la
terre tremble sous nos pas, , on vieillit, on a peur de la nuit, on est presque de l’autre
côté de la vie, on attend la mort, on avance encore à contre-jour, à contre-temps, on
croit qu’on a toujours vingt ans, on retarde la fin du monde, on comprend que la
clarté est une juste répartition d’ombres et de lumières.

JM

Quand il reprit conscience, il ne savait plus où il se trouvait. Il faisait noir. Il lui fallut un certain temps pour comprendre ce qui avait dû se passer. Il examina ces derniers souvenirs : c’était le soir, il était allongé sur le canapé à regarder la télévision. Il venait de reposer sa tasse de café sur la table basse, quand tout s’est mis à trembler autour de lui, il a entendu des craquements, des grondements. Sa tasse s’est renversée, le canapé a vibré encore plus fort, il s’est accroché à un accoudoir. Il s’est senti aspiré vers le bas.
Ses souvenirs s’arrêtaient là. Avait-il vécu un tremblement de terre ou bien son immeuble s’était-il effondré ?
Il essaya de se lever, de bouger mais il était coincé. Quelque chose reposait sur son corps et au-dessus de sa tête. Il réussit à dégager un de ses bras. Il passa la main sur ce qui l’entourait : une plaque de béton au-dessus, des morceaux de béton sur lui, autour de lui et de la poussière partout.
Le mot "EMMURER" s’imposa à son esprit et la panique l’envahit. Il se mit à hurler. Il appela "au secours" ce qui lui parut une éternité. Il avait soif, la bouche pleine de poussière, et il sentait ses jambes s’ankyloser. Au fil du temps il perdit peu à peu espoir.
Il devait s’être assoupi quand un bruit réveilla sa vigilance. On creusait non loin de lui, ensuite il entendit des voix. Alors il se mit de nouveau à crier, hurler. On lui répondit. Il allait être sauvé.
D’abord un rayon de lumière, le noir devint gris. Il lui fallut encore attendre pour que ses sauveteurs puissent le dégager des décombres.
Quand enfin la civière arriva à l’air libre, il ne vit que le ciel. Il était bleu avec un petit nuage rose, il le trouva magnifique, les visages qui se penchaient au-dessus de lui étaient beaux, souriants, sympathiques, leurs paroles réconfortantes. Il prenait avec un plaisir incommensurable des bouchées d’air à plein poumon, l’air sentait si bon. On lui avait dit qu’il avait les deux jambes fracturées, mais il ne souffrait pas, il se sentait léger, heureux, Il avait envie de mettre ses mains dans l’herbe, de courir dans une vaste prairie, de boire à un ruisseau de montagne. Il prit conscience de ce que voulait dire le mot liberté. Il ressentit comme jamais auparavant la pulsion de la vie. Il se dit que la clarté est une juste répartition entre l’ombre et la lumière.

Françoise G.

Pierre et Paul sont deux journalistes qui sont emprisonnés dans une cave suite à leur enlèvement par des terroristes. Ils croyaient tous les deux à la liberté d’expression d’expression. Mais ils comprirent vite que celle-ci est relative, on ne peut pas tout dire, surtout si cela va à l’encontre de ce que dicte le pouvoir en place. Ils croyaient à la liberté d’aller et venir. En ce moment, c’est ce qui leur manque le plus. Afin de ne pas succomber au désespoir, Pierre décida de se rappeler du délicieux goût du canelé de Bordeaux et du foie gras de sa tante. Paul quant à lui pensait aux doux moments passés avec sa chère et tendre. Un petit peu de douceur dans ce monde de brutes. Bien que les hippies aient clamés « Peace and love », la guerre continue, car n’oublions pas que l’homme est un loup pour l’homme.
En parlant du loup, celui-ci s’approcha des deux otages, il hurlait dans une langue étrangère. Aucun des deux hommes n’eurent de réaction. Puis, Paul se rendit compte que les liens qui menottaient ses mains étaient lâches. Quand le terroriste eu fini son monologue et repartit, Paul réussit à se libérer les mains, puis les pieds. Il aida Pierre à s’en défaire. Le terroriste avait oublié de bloquer l’accès à la cave.
Ils attendirent la nuit, le silence total pour regagner discrètement l’extérieur. Ils soulevèrent la trappe et se hissèrent dans la maison. Ils entendaient les ronflements des terroristes, ces derniers dormaient avec leurs kalachnikovs. Les deux hommes eurent des sueurs froides, ils s’appliquèrent à marcher à pas de velours jusqu’à la porte d’entrée. Une fois sortis, ils virent une magnifique nuit étoilée. Ils eurent le bonheur de courir, de se sentir libres à nouveau. Sentir l’air frais sur leur visage les revigora. Ils allaient du côté de la vie, sur le chemin ils se dirent que finalement journaliste à Ouest France ce n’est pas si mal. En conclusion, nous pourrions dire que la clarté c’est une juste répartition d’ombres et de lumières.

Laetitia