Atelier du 23 octobre 2021

samedi 20 novembre 2021, par Caroline Lanos

Animé par Marc.
1- Inventaire ombre et lumière
2- Acrostiches OMBRE et LUMIERE
3- Imaginez une bonne action réalisée par un personnage
4- Ce n’était pas dans son naturel. Que se dit-il intérieurement ?
5- 10 ans après, que pense-t-il de cette anecdote.

Odéon
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Monde
déclInant
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Elle, c’est Suzanne, entend la porte d’entrée s’ouvrir brusquement ; Elle n’attend personne pourtant. Lui, c’est Paul. Il monte l’escalier à toute allure, comme s’il fallait aller vite, ne pas laisser passer ce moment-là. Il crie presque à l’intention de Suzanne
« Je monte faire une photocopie » !
Resté sur le pas de la porte, un homme jeune très brun, intimidé, n’ose pas entrer plus avant.
« Arménien. » prononce-t-il en regardant Suzanne surprise.
Paul redescend l’escalier aussi rapidement qu’il l’a monté, un document administratif dans la main.
« Je te rends le récépissé, dit-il à l’homme brun. Je vois ça avec la préfecture dans quelques jours et on se revoit. »
Il débite tout ça sans une respiration, d’un air farouche, d’un énervement contenu.
L’Arménien se confond en remerciements dans une langue que Suzanne ne comprend pas. Le visage soulagé du jeune homme en dit plus long que les mots qu’elle aurait pu comprendre.
Suzanne regarde Paul effarée et quitte l’entrée.

Tremblements embarrassés, furieux. Comment cet Arménien a-t-il réussi à me convaincre de débrouiller ses papiers ? N’aime pas les étrangers. Pas de ma race. Plus forte que tout cette haine de l’autre, des autres. Intolérance sans limite. La honte. Sentiment pourchassé. Suis pour la haine et le racisme. Liberté d’expression. Pas d’explication. Suis comme ça. Refus de toute discussion logique là-dessus, entre Suzanne et moi.
Une erreur ? Vu la tête de Suzanne tout à l’heure !!! Etrange, à la fois furieux et soulagé. Pourtant, pas bon, mauvais, méchant. Cause de la méchanceté ? « T’es méchant, va dire tes péchés à Mr le Curé » Enfance . Pas méchant avant répétitions incessantes. Rumine. Fulmine. Refoule cette BA idiote. Méchanceté égale bouclier. Protège de trop de questions. Remise en cause. Peur de tout. De tout le monde. Suis un faible. Barricadé dans des murs. Incarcéré en moi-même. Je suis le prisonnier et le geôlier.
Tu te détestes toi-même et tu rejettes ça sur les autres ! »

Dix ans ont passé. Suzanne et Paul ont vécu côte à côte. Paul s’est enfermé dans la haine des autres et dans ce concept mental de la haine de lui-même. Il s’est enfoncé jour après jour dans cette idée que « l’enfer c’est les autres », a refusé l’amour de Suzanne parce qu’on lui a appris, sans doute, à ne pas s’aimer lorsqu’il était enfant. Il se souvient des mots blessants parce que ses cheveux étaient roux, parce qu’il était de petite taille, parce que… parce que….
Cette pensée fulgurante du més-amour de lui-même traverse sans cesse son esprit. Il la rejette. Il n’arrive pas à changer son mode de penser, il fait taire son for intérieur, n’accepte pas ses blessures de l’enfance, souffre et fait souffrir Suzanne. Ils se noient tous les deux dans une vie d’agoraphobes qu’elle n’a pas choisie.
Suzanne aurait dû quitter Paul lorsqu’elle s’est aperçue qu’il n’avait rien fait pour ce jeune arménien planté sur son paillasson voilà une décennie. Elle se reproche longuement son silence, complice de cette haine des autres. Elle a honte, se cache à son tour.

C’est alors que leurs voisins meurent. Leur maison est vendue à une famille arménienne.

Presque jours pour jours, dix ans après, un homme brun se tient sur le paillasson. Il vient remercier Paul de son intervention à la préfecture.
Maintenant toute la famille est régularisée et travaille.
Ils ont pu acheter la maison d’à côté.
JM

Mr Richard se baladait dans les rues de Rennes, c’était l’après-midi et il avait décidé de faire une promenade digestive. Tout à coup, il vit une vieille dame chuter sur le trottoir à quelques centimètres de la route. C’est alors qu’il vit une voiture s’arrêter à la hauteur de celle-ci. La conductrice sortit précipitamment de la voiture pour aller la voir. D’autres passants : un jeune homme et une jeune femme sont venus à son secours. Une fois qu’ils eurent relevés la vieille dame, la conductrice repartit car elle empêchait la circulation de se faire.

Le jeune homme se dit : « Je viens de secourir une vielle dame, que m’arrive-t-il ! Pourtant, les vieilles je les déteste, je ne leur veux que du mal. Déjà avec ma grand-mère je m’amusais à lui faire des croche-pied pour qu’elle tombe. Cette vieille peau aigrie et mauvaise, rien de tel que de l’énerver ou lui faire du mal. C’est elle qui m’a donné ce goût pour la méchanceté. C’est vrai que finalement je lui ressemble un peu. Quelle horreur ! Mais bon, après tout, être horrible c’est quand même sympa, je suis libéré du poids des diktats sociaux, de la morale, du surmoi féroce. Il n’y a plus qu’à continuer les mauvaises actions car il n’y a que le mal qui m’aille ».

Dix ans après, Mr Richard se balade toujours dans les rues de Rennes, il a 80 ans et fait toujours le même chemin. En se baladant, il se remémore les accidents de voiture, les passants qu’il a vu chuter, mais aussi les enfants qui s’amusaient, qui riaient aux éclats. Il fait un bilan contrasté de sa vie passante.
La conductrice quant à elle est devenue pompier bénévole, en plus de son métier d’ambulancière. Prendre soin et secourir les gens donne tout son sens à sa vie. Il y a bien des ombres au tableau mais nous ne les évoquerons pas.
Le jeune mâle quant à lui est l’incarnation du mal et il a une maladie au stade terminal. Dès qu’il se sent mal, il se dirige sur la tombe de sa grand-mère sur laquelle il répand le contenu de son système digestif.
Laetitia

L’automobiliste, les mains crispées sur le volant, le pied droit appuyé avec force sur la pédale de frein et les yeux exorbités sentait sa voiture glisser inexorablement vers l’enfant tétanisé par la peur qui se trouvait au milieu de la chaussée. Un homme surgit de sa gauche, attrapa l’enfant tout en continuant à courir. Le pare-chocs frôla le bas de son manteau sans le toucher.

« Pourquoi j’ai fait ça ? j’en ai rien à faire de ce stupide gamin ! D’ailleurs j’aime pas les enfants, Même les miens je les ai toujours laissés à leurs mères. Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai pas réfléchi. Peut-être pour que ce conducteur n’ait pas d’ennui, mais je n’en ai rien à faire de ce type. Je comprends pas. Maintenant ils sont tous à me regarder, à me féliciter comme un héros. Pauvres idiots si ils savaient !! Bon il faut que je quitte cet endroit la police risque d’arriver, faut pas s’éterniser quand on est déjà recherché. »

Il ne peut jamais repasser à cet endroit sans penser à l’enfant. Instinctivement, il ralentit, observe les bas-côtés de la route. Il voit à droite, un homme penché au-dessus d’une silhouette allongée dans le fossé. Il s’empresse de garer son véhicule et descend demander si la personne a besoin d’aide.
"Fous le camp !" lui hurle l’homme au manteau.
L’automobiliste recule et rejoint sa voiture après avoir vu briller la lame d’un couteau dans la main de l’homme au manteau. Celui-ci est hors de lui, submergé par la colère. Voilà dix ans qu’il s’est mis à la recherche du gamin, obsédé par l’idée d’effacer sa “bonne action”.
Il l’a enfin trouvé. Il vient de le tuer et il faut encore qu’un imbécile de conducteur vienne le déranger !

Françoise