Atelier du 4 décembre 2021

jeudi 13 janvier 2022, par Caroline Lanos

animé par Antoinette

Thème : l’éloge de l’ombre, d’après l’essai de Junichirô Tanizaki (1933)
1) Lister des mots, expressions, courtes phrases qui montrent l’ombre sous un jour positif. (5 mn)
2) Acrostiche :
É
L
O
G
E
3) Lecture d’un extrait ci-dessous de L’Éloge de l’ombre (p.51-53) et écriture de deux textes :
- un court texte par caviardage (en entourant des fragments épars) (10 mn)
- un récit centré sur une maison et une circonstance particulière où l’ombre jouera un rôle positif.
La première phrase sera interrogative et la dernière comportera l’expression « à jamais ». (45 mn)

« En fait, la beauté d’une pièce d’habitation japonaise, produite uniquement par un jeu sur le degré d’opacité de l’ombre, se passe de tout accessoire. L’Occidental, en voyant cela, est frappé par ce dépouillement et croit n’avoir affaire qu’à des murs gris dépourvus de tout ornement, interprétation parfaitement légitime de son point de vue, mais qui prouve qu’il n’a point percé l’énigme de l’ombre. Quant à nous, non contents de cela, à l’extérieur de ces pièces où les rayons du soleil ne pénètrent déjà que très difficilement, nous projetons un large auvent, nous établissons une véranda pour éloigner davantage encore la lumière solaire. Et dans l’intérieur de la pièce enfin, les shôji ne laissent entrer, de la lumière renvoyée par le jardin, qu’un reflet tamisé. Or, c’est précisément cette lumière indirecte et diffuse qui est le facteur essentiel de la beauté de nos demeures. Et pour que cette lumière épuisée, atténuée, précaire, imprègne à fond les murs de la pièce, ces murs sablés, nous les peignons de couleurs neutres, à dessein. Si l’on use, en effet, de peintures brillantes pour les chambres fortes, les cuisines ou les couloirs, les murs des pièces d’habitation sont presque toujours sablés, et bien rarement luisants. Car s’ils étaient luisants, tout le charme, subtil et discret, de cette lumière indigente s’évanouirait. Nous nous complaisons dans cette clarté ténue, faite de lumière extérieure d’apparence incertaine, cramponnée à la surface des murs de couleur crépusculaire, et qui conserve à grand’peine un dernier reste de vie. Pour nous, cette clarté-là sur un mur, ou plutôt cette pénombre, vaut tous les ornements du monde et sa vue ne nous lasse jamais. »
Tanizaki Junichiro, L’Éloge de l’ombre (1933)