Atelier du 9 octobre 2021

samedi 23 octobre 2021, par Caroline Lanos

Animé par Steph

1- Lister les animaux de la nuit et ceux de la lumière. Mise en commun
2- Ecrire un texte commençant par "Avant que les ombres ne s’effacent" et se terminant par "Le temps l’avait rattrapé, ses gestes étaient ceux d’une tortue de mer sur la Terre ferme".

Avant que les ombres s’effacent, il comprit qu’il n’avait plus beaucoup de temps. Il devait regagner son domaine au plus vite. Il décida de cacher son butin en creusant un trou au pied d’un grand chêne facilement reconnaissable à quelques mètres du sentier. Il était sûr de le retrouver la nuit prochaine. Il y mit le petit corps sans vie et le recouvrit. Quand il eut fini, il émit un grognement de satisfaction qui fit frissonner l’écureuil qui nichait dans la ramure.
L’ombre sans ombre glissa vers l’orée de la forêt. Il se rendit compte qu’il était encore loin de la bouche d’aération du tunnel. Cette fois-ci son escapade l’avait emmené beaucoup plus loin que d’habitude. Sa victime avait couru vite et il avait eu un peu de mal pour la rattraper. Cinq cents années de vie commençaient à lui peser, pensait-il, il avait perdu de la vigueur !
Il n’était plus qu’à une dizaine de mètres de la grille qu’il avait laissée ouverte, la bouche noire lui tendait les bras, il se sentit soulagé d’être arrivé dans son domaine quand soudain un rayon de lumière fit irruption entre deux nuages et vint le frapper en plein visage, il poussa un horrible hurlement, il sentit ses forces l’abandonner, se dissoudre dans l’air frais de ce petit matin. Non il n’atteindrait pas la porte de son royaume, il s’écroula, essaya de ramper le temps l’avait rattrapé, ses gestes étaient ceux d’une tortue de mer sur la terre ferme.
Françoise

Avant que les ombres s’effacent tout à fait, elle avait entrepris de se doter d’une boîte à souvenir.
Ça faisait des mois qu’elle épiait, comme un animal surveille sa proie, les progrès en elle de l’opacité.

Elle avait vu s’estomper la couleur du monde,
le contour des êtres et des choses se déliter doucement,
se muer en un pointillé de plus en plus distendu,
menacer de perdre bientôt jusqu’à sa forme reconnaissable.
Elle s’était arc-boutée à cette réalité encore identifiable,
à sa persistance comptée,
tendue contre la panique de la voir s’effilocher davantage.

Pour lutter elle avait pris le parti de réduire le champ,
d’abandonner à la nuit ce qui fuyait irrémédiablement,
de concentrer la lumière sur un espace à la mesure de sa conscience mourante.

Il l’avait bien aidée, le petit gars dont elle ne savait plus le nom.
Il lui avait trouvé une boîte comme elle la voulait,
ensemble ils l’avaient remplie peu à peu de ce qu’elle décidait d’y mettre. T
Tous les jours elle piochait dans ces vestiges épars,
il l’aidait à leur donner un nom,
à les ancrer dans la dérive,
à les ranger dans un ordre qui sans doute avait un sens quelque part.

Quand était-ce ?
Elle ne sait pas.

Peu à peu elle n’y était plus arrivée.
Les objets fuyaient même ses doigts.
Le temps l’avait rattrapée.
Ses gestes étaient ceux d’une tortue de mer sur la terre ferme.

Antoinette

Avant que les ombres s’effacent, elle sortit de la caverne, pâle, le visage creusé par la faim. Ses cheveux noirs, teintés de gris, emmêlés tel un écheveau de laine, formaient une longue traîne derrière elle. Elle tituba, le corps décharné et resta planté là devant le soleil couchant.
De minces liserés roses bordaient l’horizon derrière l’île d’Ouessant qui se découpait au loin, magnifique, solitaire, verte et brune.
Combien de temps était-elle restée dans ce long corridor de pierres, fuyant les éclairs de feu et où étaient les autres ?
Ses genoux flanchèrent, elle s’allongea sur le sable blond et ferma les yeux.
Des images précises revinrent à sa mémoire. Le bruit rapide de ses talons sur le béton, celui de la foule qui fuyait à perdre haleine, les ombres de ses camarades qui se battaient, la couleur de leurs uniformes, le poids de son arme sur son dos. Son bras qui tenait fermement sa taille lorsqu’ils sont descendus sous la mer.
Ils avaient accepté cette mission tous les deux, rejoint l’île Longue, le territoire interdit, avant les grandes explosions de la Terre du Bout du Monde. Leur petit groupe était sain et sauf, enfermés dans l’abri marin à l’épaisse carapace. Ils avaient appris à survivre jusqu’au tremblement de terre précédant l’apparition d’un nouveau volcan.
Barbara releva lentement les paupières sous une pluie fine et chercha à se redresser mais le temps l’avait rattrapée, ses gestes étaient ceux d’une tortue de mer sur la terre ferme.
Annie

Les chats et le paresseux dans la tombée de la nuit

Avant que les ombres s’effacent, le chat noir qui était dans la lumière savait qu’une fois que le soleil serait couché, on ne le verrait plus. Ce chat commença à miauler pour que son ami le tigré puisse le repérer dans la nuit. Ils s’amusaient tous les deux à cache-cache et à se courir après. Mais le soleil commença à se coucher et le chat noir miaula tout en se déplaçant.
Une fois la nuit venue plus loin un paresseux aux gestes lents s’était mis à rêver ce qui fit qu’il devenait quasiment immobile. Une fois sorti de son rêve, il pouvait maintenant grimper doucement. Le temps l’avait rattrapé, ses gestes étaient ceux d’une tortue sur la terre ferme.

Nathalie

Avant que les ombres s’effacent et que la nuit tombe ; Huan Huan (un des pandas du zoo de Beauval) voulait continuer de gambader sur son terrain de jeu. Le soigneur souhaitait qu’il rentre dans sa cage pour la nuit. Qui aura gain de cause, le panda ou le soigneur ? Ce dernier tenta de l’attirer avec de la nourriture, mais Huan Huan n’avait pas faim, il avait le ventre rempli de bambous. Il préférait se rouler par terre, grimper aux arbres. Finalement, c’est le soigneur qui s’est mis à bailler aux corneilles à s’en décrocher la mâchoire, il luttait contre le sommeil.
Huan Huan se dit alors que pour une fois le soigneur avait besoin de la cage pour se reposer, ce qui lui permettrait de profiter de la nuit tombée : c’est gagnant-gagnant. Il fit mine d’aller vers la cage et au dernier moment, il poussa avec sa patte le soigneur à l’intérieur. Ce dernier fût pris de panique, il était comme en prison et le pire c’est que personne ne pouvait lui amener d’oranges. Dépité, il finit par s’endormir. Au petit matin, le temps l’avait rattrapé, ses gestes étaient ceux d’une tortue de mer sur la terre ferme.
Laetitia