Textes produits

dimanche 7 décembre 2014, par Webmestre

Textes de Jacqueline M.
Liste d’évènements de la vie courante.

Lire assise dans le canapé
Descendre dans le jardin
Monter dans le train
Enfiler son manteau
Se laver les dents
Cirer ses chaussures
Laver la vaisselle

Texte (consigne 1) :
Descendre dans le jardin

Quelques mois plus tard, je retournai dans son jardin. Sans elle.Pourtant, je la suivis et nous bavardâmes comme si rien ne c’était passé, comme si elle avait été là, près de moi puisque tout était inchangé, que le jardin, lui, avait consevé intacte l’empreinte de ses mains créatrices, de ses constructions poétiques, là où elle avait fait de trois galets un monument indestructible, inaltérable .
Mes plus beaux voyages avec elle se feraient toujours dans son jardin qui me donnait l’impression de n’avoir jamais connu d’autres mains que les siennes.

Texte (consigne 2)
Elle se regarde dans le miroir se poudre, se rouge lèvres. Sur sa joue gauche une tache brune.Elle s’enfle, s’étale, la recouvre, coule gluante et visqueuse, tombe jusqu’à ses pieds, englue les poils du manteau de fourrure en attente sur la chaise,l’étouffe.Elle suffoque.
Elle est De Funès dans la bassine géante de chewing gum...
Une voix venue du couloir : c’est l’heure !
Un doigt de fond de teint fait disparaître la tache.

Textes de Roselyne

Texte (consigne 1) :
« Pour ce soir : des pâtes à la bolognaise ! Ça fait vraiment trop longtemps !
Donc lister : des spaghettis et la sauce, la faire ou pas ? Une sauce maison, c’est sur, c’est bien mais pftttt...J’ai vraiment pas envie ! Bof, un joli plat, gratiner quelques minutes au four, ce sera vraiment parfait !!!! Eh merde ! Y’a du gluten !!!

Texte (consigne 2) :
Assise à la table de la cuisine devant ma liste de course, j’ai soudain senti un souffle froid, une bête immonde était posée sur mon épaule, elle m’enveloppait de ses ailes veloutées, sa gueule blême luisait dans le noir, je voyais ses yeux verts émeraudes glacés, ses lèvres rouges écarlates humides, ses canines acérées se sont plantées dans ma gorge aspirant longuement mon sang avec des soupirs voluptueux, je me sentais devenir légère tandis que son poids se faisait lourd, enfin repue elle s’est envolée, j’ai repris mon crayon et rayé de ma liste : sauce tomate.

Textes de Catherine

Texte (consigne 1) :
Cirer les chaussures
Faire briller, frotter
Brosser dans le sens des poils
Surtout ne pas importuner
Ne pas perturber
Ne pas blesser
Gentil – là – Tout doux
La peau de chamois glisse
sur le cuir qui devient lisse
brillant. Lola – là.

Texte (consigne 2) :
Tiens, un des oeillets se fissure. Tel un Lilliputien je vois un cratère se former, le manteau de la terre se craquelle, des strates de roches de différentes couleurs apparaissent allant de l’ocre clair au noir le plus profond, en passant par des teintes de sienne brûlée, une vision d’apocalypse accompagnée d’un grondement assourdissant. Le lacet ! S’agripper au lacet pour sortir du gouffre, mon Lilliputien est sauvé ! Replacer le lacet comme il faut dans les oeillets. L’usure ne se voit presque plus, un dernier petit coup de chiffon, voilà la chaussure prête à retourner dans sa boîte.

Textes de Marc

Texte (consigne 1) :
a) « Flûte, je n’ai plus de corn-flakes ! » pensa-t-elle après avoir ouvert la porte du garde-manger, en ce matin de la fin du monde.
b) Après s’être levé tôt le matin, s’être douché, essuyé, habillé, avoir attendu pendant deux heures, le jeune garçon monta en voiture. Il fit un tour avec. Quand il s’arrêta, souriant, il tendit son ticket au préposé du manège pour un deuxième tour.
c) « Patienter à la caisse du supermarché, ça se travaille » dit l’homme à la caissière, alors que les vigiles du magasin maîtrisaient les deux clients qui en étaient venus aux mains à la caisse « panier limité à 7 articles ».

Texte (consigne 2) :
Après avoir sorti du caddy et mis sur le tapis roulant les victuailles que j’avais choisies, je pris place dans la file d’attente. La client devant loi avait mis sur le tapis de nombreuses bouteilles d’alcool.
Je pensais à la super-fiesta où je retrouverai d’anciens amis d’études perdus de vue depuis longtemps : qu’avaient-ils pu devenir celui qui jouait aux tarots pour de l’argent, celui qui retapait des 2 CV pour les revendre, ceux avec qui j’étais allé en Grèce... Cette fiesta se déroulerait dans une grande maison et je me voyais déambulant à travers les pièces, saluant l’un, discutant avec l’autre. « Trente t un euros et trente six cents » me dit la caissière, tandis que la cliente me précédant finissait de ranger ses provisions dans son sac portant l’inscription « lescopainsdavant.com ».

Texte de Jacqueline R
Quelques événements de la vie courante :
Eplucher les patates / Peigner la girafe / Enfoncer un clou / Sortir le hamster / cuire des œufs…
Relater l’événement d’un point de vue implicite.

Eplucher les patates : Elles sont lisses, ocre clair, calibrées, patates de supermarché pur jus, inintéressantes tant habillées qu’à poil. Les progrès ( ?) dans la commercialisation de produits agricoles anonymes et parfaits n’ont pas réussi à supprimer le léger affaissement du futur germe, on n’en est pas encore à la patate transgénique. « Enlève l’œil ! » disait ma mère. Si la patate énucléée est aussi peu inspirante, l’œil, par contre, perché sur le tas d’épluchures…
« L’œil était dans la tombe et regardait… »
Humain, qu’as-tu fait de ta planète ?

Sortir le hamster : Petit quadrupède poilu lâché dans l’entrée, les pattes courtes, le postérieur dodu qui se tortille, le nez toujours en mouvement. Au bout d’un certain temps, Brünnhilde s’intéresse à moi. Je suis assise et elle me grimpe dessus, escalade mon pull, se balade sur mon épaule, me renifle l’oreille, s’introduit dans l’encolure du vêtement, sort par la manche. Je sais qu’à l’instar de ses congénères, elle est myope, me connaît par mon odeur, le son de ma voix, dissocie les deux et certainement d’autres éléments dont je ne me doute pas et je me dis que pendant très longtemps les humains se sont imaginé des foules de dieux qui les entouraient.

Visualiser un élément un peu incongru qui apparaît à la fin

Cuire des œufs : Ce soir, œufs mollets. J’ai remonté la minuterie et je reste regarder, l’œil vague, les bulles s’élever du fond de la casserole et remuer gentiment les œufs : grosses boules blanches et petites bulles transparentes de l’eau qui bout. Ça monte, ça se bouscule et peu à peu s’y mêlent des boules rouges – tiens ! des globules sanguins, ça me rappelle la terminale – et voilà des yeux de vache puis de vaporeuses méduses puis des grains de raisin muscat, des mirabelles, des tomates, des pommes mûres, des melons, des pastèques, des ballons de foot, des montgolfières…Dring ! L’œil de la minuterie, rond lui aussi.
C’est ma quatrième nuit d’insomnie et ça va finir par se voir…
C’est ma quatrième nuit d’insomnie et ça va finir par se voir…