Atelier du 16 novembre

mardi 17 novembre 2020, par Caroline Lanos

Consigne de Stéphane

Petite chaufferie du lundi matin :
1/ Chercher quelques phrases commençant par : ….Voyager c’est
2/ J’aime voyager parce que....
3/ Ce que je n’aime pas dans le voyage c’est ….

Puis rappelez vous d’une ville d’eaux ou au bord de la mer ou d’un fleuve
où l’eau quelque soit sa manière passe, entre, sillonne, jaillit...
Vous vous y baladez , seule ou pas ;
Ecrire un texte au présent, vous chercherez à écrire un billet d’humeur où vous vantez (ou pas) ce lieu.


TEXTES

Marcher, écrire, faire des phrases avec ses pieds.

Ces phrases nous mènent au détour des rues, ruelles et venelles. Nul besoin de prendre à cet instant carnet et crayon, ce serait interrompre la lecture du paysage à l’arrivée dans cette petite bourgade au bord de la rivière, ce serait compromettre la lente dégustation sensorielle qu’offre chaque lieu abordé ainsi.
Cette mousse scintillante sur le rebord de la margelle, ces notes cristallines des gouttes d’eau en chute libre, ce ruisselet qui s’échappe pour dévaler la pente vers la rivière en contrebas.
Les cailloux crissent sous les chaussures, les galets roulent et tourneboulent, galopins indisciplinés et rieurs.
Sous le pont, la rivière se divise en deux bras. Elle descend de la montagne, vive, fraîche. Elle chante, elle donne de la voix. Tonitruante et même violente, là-bas, au pied de la cascade, sa voix est plus harmonieuse ici. Son cours est vif, elle entoure chaque pierre avec une joie puérile, joue avec les herbes sauvages, flirte avec un tronc d’arbre. 
Y plonger les pieds échauffés, se laisser contourner, effleurer, masser les jambes et sentir le corps tout entier se rafraîchir.
Le marcheur du jour sait qu’il la retrouvera le lendemain, plus bas, là où d’autres rivières la rejoindront, là où il pourra se baigner dans leurs eaux entremêlées.

Geneviève
_____________________________

1/ Voyager c’est oublier le quotidien, vivre autre chose
2/ J’aime voyager parce que c’est être ailleurs, c’est une promesse de rencontres, d’émerveillement, de découvertes
3/ Ce que je n’aime pas dans le voyage c’est de se presser, de voir trop de choses , à la fois ne pas avoir le temps d’apprécier le moment, l’endroit.

Bruges en Belgique flamande. La ville qu’on surnomme « la Venise du Nord » porte bien son nom. J’y ai flâné fin octobre. Même sous un ciel gris cette ville me laisse un souvenir lumineux. Son centre ville vous transporte au Moyen-Age avec ses monuments, ses rues pavées, ses façades typiques en briques claires et rouges. Peu de voitures et beaucoup de vélos qui cahotent allègrement sur les pavés. De petites boutiques où les vitrines vous font admirer de fines dentelles, les fritures pour la renommée, les nombreuses chocolateries au vitrines alléchantes.
Et surtout l’eau qui glissent nonchalamment dans toute la ville et lui donne une atmosphère paisible et chaleureuse. Ce n’est pas une eau triste et boueuse, c’est une eau vive qui nourrit une végétation luxuriante.
Il faut visiter le « béguinage », façades blanches, parc arboré, lieu paisible par excellence.

Françoise
_____________________

1- Voyager c’est conserver sa jeunesse
Voyager c’est grandir même quand on est vieux
Voyager c’est la force de l’imagination
Voyager ça fait rêver
Voyager c’est mourir un peu et revivre encore
Voyager c’est partir à la découverte de nous mêmes
Voyager c’est traverser un trottoir
Voyager c’est traverser la rue
Voyager c’est regarder autour de soi
Voyager c’est repartir dans nos souvenirs

2- j’aime voyager pour apprécier le bonheur du retour, pour avoir eu de nouveaux regards, pour affronter l’imprévu, pour sortir de mon quotidien, pour rencontrer, un visage, un sourire, un nom, un prénom que je n’oublierai pas qui aura changé ma façon de penser.

3- Ce je n’aime pas dans les voyages, les papiers, les fouilles à l’aéroport, enlevez vos chaussures
Moi, je n’aime pas voyager , c’est psychologique, la stupeur chez les autres ! Ils me considèrent comme anormale, comment ça , tu n’aimes pas voyager ! parce que je n’ai pas en vie d’être « une touriste », de montrer dans des cars bondés, je déteste l’inconfort et l’imprévu, les voyages organisés pour le troisième et le quatrième âge,je préfère mon jardin pour fuir au bout du monde.

La Minette 

C’est une jolie rivière d’Ille et Vilaine qui ne s’enorgueillit point d’être un fleuve mais classée en première catégorie piscicole tout de même.
Elle est tout simplement un affluent du Couesnon qu’elle confluonne à Vieux-Vy près de l’ancienne mine de Brais. D’une longueur de 25, 1 km, elle prend sa source du côté de Romagné près du hameau de la Barberie.
Elle serpente nonchalamment du côté de Saint-Hilaire des Landes , de Saint Germain en Cogles, du Tiercent.J’en suis amoureuse . C’est inévitable tant elle est charmante dans ses prairies, ses sous bois. Elle s’élargit, se rétrécit, se glisse et se faufile entre les saules et les roches. Elle grimpe, elle grimpe, elle descend, bouillonnante, presque comme un torrent. Je lui parle en Gallo, elle me parle en Gallo. Elle est un corps. Elle est un coeur. Elle sait des histoires qu’ elle raconte sans fin.
Nous avons rendez-vous régulièrement au pied du bourg de Baillé , le pays de mon nom. Dans le bas de la côte. Juste en face l’entrée du château des Flégés qui ressemble au parlement de Bretagne dans sa façade .
C’est par là que je descends, en glissant le long du talus, pour suivre son cours apaisé, dans le silence de cette nature familière qui voit travailler ma famille dans la rude vie de la ruralité avant la guerre 14-18. Ma grand-mère lave le linge du comte et de la comtesse De La Haye Saint Hilaire. Mon grand-père est journalier jusqu’à l’épuisement.
Je mets mes pas dans leurs pas qui mènent jusqu’au Tiercent par des sentiers que je suis seule à connaître peut être. Là, au milieu de nulle part, je m’assois sur un tronc moussu vieux comme le monde , entourés de fougères rouillées quand c’est l ‘hiver.
Je revois ma mère petite fille avec une bande de copines tenant précieusement entre ses mains le coffret sacré contenant les hosties qu’elle doit remettre à la comtesse pour la célébration de la messe du dimanche à la chapelle du château. Lorsqu’on a 10 ans ou peut être moins, le jeu est le plus fort. Et voilà les gamines de descendre comme je le fais, par le talus herbeux, vers la rivière, jouant à chat, joyeuses et insouciantes. Le précieux coffret s’échappe des mains de ma mère et toutes les hosties filent, d’un coup de vent, au courant chantonnant et doux de la rivière.
La coquine Minette embarque le corps du Christ dans l’ eau claire qui dévale en souriant.
Sur la berge des fillettes affolées. C’est un sacrilège !
J’entends leur peur dans la voix de ma mère qui souffle encore à mon oreille que la rivière parle avec Dieu dans cette terre mère qui a changé, depuis peu, son nom de l’eau pour un nom de pierre venu du breton.
C’est pour ceux de ma famille qui ont trimé, c’est pour elle que je reviens, que mes pas se prennent dans la boue, caresse les affleurements de granit aux dos arrondis , écarte les bouquets d’orties et les branches de saule dont on a tressé tant de paniers.
Je l’apprends par les gens de Baillé. A cause de Maurepas, la rivière sera emprisonnée pour tout le temps jusqu’à la fin des temps ; Et mon esprit s’égare jusqu’à Armand Dagnet qui fait un grand voyage, en Char à bancs, de Saint Etienne à Maurepas, un siècle auparavant.
En écoutant, encore une fois, L’histoire de hosties, avec des mots avec des noms. je suis les traces d’un passé passé, qui passe et puis repasse.

Jacqueline


Voyager c’est partir, quitter ses repères, affronter l’inconnu, c’est aussi découvrir, partager, revenir.

J’aime voyager parce que c’est l’aventure, même au coin de la rue.

Ce que je n’aime pas dans le voyage c’est partir.

Que j’aime cette ville en hiver, les touristes sont partis, il ne reste que les autochtones et moi, qui ne suis pas d’ici et ne fait que passer, souvent. Le cri des mouettes est acidulé en novembre, elles s’indignent, plus de pique-niques aux miettes appétissantes ou de bouchées offertes par des enfants rieurs tendant leurs petites mains potelées aux becs voraces et s’éloignant, craintifs des qu’un oiseau s’approche trop près.

« Désolée, mesdames les mouettes, ne comptez pas sur moi pour vous nourrir mais retrouvez plutôt votre instinct sauvage et cherchez seules votre pitance. ».

Même le ferry se fait discret en cette saison, il nous épargne sa sirène tonitruante à chaque départ ! Je marche, tranquille sur les quais, les échoppes sont fermées, je croise un vieux monsieur, très élégant qui soulève légèrement son chapeau en me croisant, galanterie surannée qui me fait sourire, je le salue en retour d’un hochement de tête que j’espère plein de grâce. La devanture du marchand de glace est grillagée, dommage, j’aurais volontiers goûté un de leurs sorbets, chaque saison ils proposent de nouvelles saveurs, la dernière en date était citron-basilique, étonnant et savoureux à la fois, très bon ! Un petit vent aigrelet me tourne autour mais je suis parée, manteau, écharpe, bonnet me préservent et je continue ma balade, silencieuse. J’arrive sur la plage déserte, le sable nivelé rutile de ces absences, je marche à la limite de l’eau et les vagues chuchotent pour ne pas déranger.

Roselyne


St Malo, la belle

Fière citadelle
Doux chant de l’eau
Cri des oiseaux
Odeur de sel
Est-ce réel
Trop beau
Dans le port, des bateaux
Que le vent appelle
Chanson éternelle
Qui caresse la peau
Et agite les flots
Et les rochers qui étincellent
Véritables dons du ciel

Nelly


Voyager c’est découvrir et changer notre regard. C’est bousculer nos zones
de confort, en allant au devant des rencontres, des personnes et des paysages.
J’aime voyager un peu, mais pas tout le temps.
Ce que j’aime c’est passer la nuit à l’hôtel. J’aime le cheminement d’un point
à un autre  ; S’arrêter et découvrir la cuisine d’un restaurant, déguster.
Ce goût-là bien longtemps en mémoire, resurgit et nous transporte à lui tout seul, dans cet ailleurs qui nous fait voyager.
Ce que je n’aime pas dans le voyage c’est la préparation de la valise.
Et ce que je n’aime plus, c’est le stress en amont du voyage. Plus jeune,
c’était une excitation portante et positive qui piquait et portait vers l’action. Dorénavant, des paquets d’angoisse me paralysent, me laissent à mal et me gâchent royalement le déplacement. La connaissance de l’endroit et de la destination n’atténue aucunement la jauge animée par le facteur stress.
Mais ça, c’est avant de partir dans le schéma mental du voyage.

Je me trouve le long du Thiou, où je me promène. Sa robe claire virevolte,
elle sent le torrent et danse en bousculant le rivage. Cygnes et canards
se pâment, viennent, friands de croutons ou du morceau de pain que lancent les enfants, à l’heure où ils sortent de l’école. Les façades aux couleurs jaune, brique se reflètent. Mon esprit est joyeux, il est toujours enlevé, léger dans ce lieu de Haute Savoie. J’aime ses montagnes qui chutent et baignent leurs pieds dans le lac. Je ne m’impose aucune contrainte. De vraies vacances : balades au gré des ruelles, du temps qu’il fait, de l’ouverture de la piscine découverte, des marches le long du lac, des enfants qui jouent, des terrasses animées.
En écrivant cela je ressens cette liberté, d’autant plus merveilleuse, qu’elle nous fuite un peu en cette fin d’année règlementée, masquée, au nom de la précaution et prévention sanitaire.
Annecy la pittoresque, cité de caractère, petite Venise est-elle encore appelée, elle me réserve encore, j’en suis sure d’autres découvertes, de balades ou de musées à une prochaine escapade.

Stéphane


Voyager c’est - entrer dans une parenthèse
- faire une brèche dans le mur emprisonnant des habitudes
- renoncer à l’apparente stabilité, l’équilibre illusoire
- se mette en état d’absolue disponibilité
- ouvrir et découvrir

J’aime voyager parce que
- la vie n’est jamais trop riche
- le voyage nous allège du poids, même insensible, de la routine
- c’est l’occasion de surprises, de découvertes, d’émotions

Ce que j’aime dans le voyage c’est
- le voyage en lui-même, le trajet , la route, ce qui transporte
d’ici à ailleurs
- les lieux, les paysages avec leurs images, leurs bruits, leurs
parfums
- les rencontres
- l’intense liberté de chaque moment, qui n’attend pas le suivant
– sûr qu’il viendra – mais se vit pleinement, riche aussi de sa
dimension de découverte
- les déambulations, quels qu’en soient le lieu et le but
- les verres en terrasse, les dîners dans un coin de petit
restaurant caché

Il fallait être ailleurs en cette Toussaint.
Ce serait Rome. Pour sa disponibilité, son hospitalité familière. Rome et ses longues promenades qui montent et descendent, mêlant à sa présence d’aujourd’hui, si forte, les images partout offertes de son passé multiple. Rome que le Tibre incessamment redessine et déroule dans sa course lente, loin de chaque côté de ses rives. Rome aux fontaines, que le bruit de l’eau habite tout entière, doux écoulement dans une vasque discrète, jets joyeux dispersés par des putti farceurs, ruissellement bruissant qui se fraie un chemin entre chevaux, dauphins et tortues, enveloppement caressant, à peine perceptible, du corps de bronze des nymphes noires.
La vivifiante sensation de fraîcheur qu’on ressent en été est loin ce soir. Toute l’eau de Rome frissonne dans l’ombre ou trahie par la lumière des spots immergés. J’ai fui les cascades trop sûres de la fontaine de Trevi et la majesté de celle des Fleuves sur la Piazza Navone. Sous le pont qui m’amène vers le Trastevere où je loge, le Tibre semble ralenti dans l’attente du matin, ou pour mieux profiter peut-être de la parure que la ville éclairée attache à sa surface. Mais subitement toute l’image se crible de points tressautants. L’averse en quelques secondes se déchaîne. C’est ainsi depuis deux jours que je suis là. La ville de l’eau se mouille aussi d’un automne furieux de pluie.
Je cours dans le dédale des ruelles, à peine arrêtée pas la belle façade illuminée de Santa Maria et la fontaine baroque qui semble l’ignorer aussi, tout occupée à se transfigurer dans l’éclaboussement sonore de son bassin. Je cours et la pluie folle fait partout des ruisseaux. Devant l’immeuble où j’arrive enfin, une mare impressionnante garde l’entrée. Un petit chat s’arrête à mes pieds, miaule, hésite, risque une patte. Pas le choix. Je me lance avec lui et il se faufile au sec dès la porte entrouverte, comme moi laissant la ville à la nuit de ses eaux.

Antoinette

Portfolio