Atelier du 6 novembre

lundi 9 novembre 2020, par Caroline Lanos

Consigne de Françoise

Pour la première fois, des hommes se sont posés sur la Lune le 21 juillet 1969. Et si cela avait été VOUS ? Quelles ont été vos sensations et vos émotions ?

TEXTES

Je ne cesse de me répéter : « INCROYABLE, MERVEILLEUX ! » Ce sont les deux seuls mots qui me viennent à l’esprit. Il n’y a pas d’autres mots, ils n’existent pas car je suis le premier humain à mettre les pieds ici. Tout est à découvrir, tout est nouveau. C’est pour cela que l’Homme n’a pas inventé les mots qui conviendraient à l’état dans lequel je me trouve en ce moment.
Je marche sur le sol lunaire ! Je me sens léger, est-ce dû à l’euphorie qui me gagne ou à cet pesanteur plus faible que sur la Terre ou les deux ? J’ai envie de sauter comme un cabri, comme un enfant joyeux. Pourtant c’est un paysage hostile, sans couleur, désertique qui m’entoure. Des pierres et de la poussière rien d’autre. Et au dessus le noir de l’espace : l’angoissant vide apparent.

Mais devant moi la seule tache de couleur : bleu, blanc, marron, La TERRE si proche et si lointaine à la fois. C’est une émotion profonde, presque douloureuse. Des sentiments contradictoires me submergent. Pas de mot. Peut-être une comparaison. Je suis comme un enfant qui apercevrait sa mère au loin sans pouvoir la rejoindre. Je me sens plus terrien que jamais. Qu’est-ce que je fais ici ? Je ne me suis pas à ma place, Inadapté, étranger. Suis-je là juste pour prouver qu’on a pu le faire ? Il y a tant de choses à faire sur terre. Si petite planète fragile, isolée, peut-être unique. Je m’en rends bien compte ici, en ce moment. Ce n’est pas moi qui devrai être là mais tous ces « décideurs », ces gens qui détruisent la planète pour qu’ils prennent conscience de ce qu’elle est : notre unique maison.

J’ai terriblement envie de rentrer. Je vais terminer cette mission et je sais que je ne serai plus jamais le même que celui qui est parti. Allez encore quelques sauts de cabri, ramasser des échantillons, monter et installer le matériel et je repars.

Françoise
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Ah ! Je n’ose pas y penser ! Je déteste les voyages.

« On m’a collée de force dans Apollo 11, la fusée de la NASA, à Houston. On m’a dit t’es une drôle de fille pas comme les autres, alors tu dégages ! Le seul moyen de se débarrasser de toi, c’est de t’envoyer là-haut, avec Amstrong. Il a dit qu’il serait le premier homme à marcher sur notre satellite préféré. Tu vois, t’es gâtée ! Y a plein de filles qui voudraient être à ta place.
J’avais pas le choix. Je suis partie. Le voyage fut épouvantable. J’ai été malade tout le temps. Je n’ai rien vu des couchers et des levers de Terre.
Je descendue du module, lourdement engoncée dans mon scaphandre et mes moon boots , j’peux pas plier les genoux.
C’est le silence qui m’a frappée. Aucun bruit. Aucune vibration. Malgré moi j’suis émerveillée. Le ciel, il est noir et y a pas de couleurs tout est gris et je vois la Terre dans l’espace qu’est devenue une autre planète. Mes pieds et ceux d’Amstrong qui filme, soulèvent de la poussière sans faire de nuage. C’est parce qu’il n’y a pas d’atmosphère qu’il dit Aldrin qui tient une autre caméra. J’crois que j’aurais pu toucher l’horizon qui fait comme une ligne si proche de moi. On ne marche pas là-haut, on volette au ralenti. J’ai failli tomber plusieurs fois parce que ça surprend cette technique de déplacement là et puis on ne peut rien tenir tout fiche le camp dans l’espace. Elle est pas plate la Lune, y a des cratères partout remplis de pierres noires. J’ ai bien du mal à remplir mon sac.
D’un coup je me suis sentie bizarre, j’ai eu peur de rester là toute seule sans voir une maison, des poteaux, des arbres, des voitures, d’autres que moi.
J’ai pensé à Thomas Pesquet qui très a envie de marcher sur la Lune et là j’me suis dit qu’il y avait quelque chose qu’allait pas entre 1969 et Thomas Pesquet. »
Alors, je me suis réveillée.

Jacqueline
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Trop de jours en apesanteur. Tu me l’avais dit que j’étais toujours dans la lune . Quelque chose d’irréel et à la fois tout un cheminement de toute une vie.
Visiter les étoiles, se caler sous leur lumière. Des rêves de gosses écrits dans les livres. Habillée, emballée, des petits pas sur la lune hostile et caillouteuse...
Se baisser : impossible. Mon dos douloureux semble gravir des pentes trop abruptes. Avancer en bibendum, se doutant bien des yeux rivés sur le petit écran. Capter les sensations utiles et se rendre compte de l’instant incroyable de cet événement mondial
« Un petit pas pour l’homme et un grand pas pour l’humanité »
Pourra-t- on lire dans les journaux.
J’aurais pu mourir à cet instant-là, tout m’était bien égal !
Moiteur des draps chauds, et langue râpeuse d’un chat me sortirent de la torpeur d’un dimanche matin aux rayons généreux.
Mon premier pas de ce matin-là caressa ma descente de lit et je me laissais guider, marche à marche descendues, par l’odeur d’un café.
-  Alors bien dormi, face de lune ?
Mon chat s’étira, ces yeux verts grands ouverts me toisèrent et,
il retourna vers son bol de croquettes.

Stéphane.
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Sur la lune 

« C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité. » Si j’avais été la première à marcher sur la lune, est-ce cette phrase que j’aurais dite ? Non, je ne crois pas, j’y suis là, j’ai posé mon petit module lunaire juste à côté d’un immense cratère, je devrai dire que j’ai aluni, autant utiliser le mot juste, et voilà je marche sur la lune, eh oui je-marche-sur-la-lune et j’ai surtout envie de rire, de gambader, de batifoler, de folâtrer, c’est merveilleux, j’avance lentement, au ralenti, j’ai l’impression d’être dans un film à effets spéciaux ! Tiens, je vais tenter un petit saut, hop, je flotte, attention maintenant je vais oser un saut périlleux en avant, un salto comme en patinage artistique, oui !!!! Facile, ici je pourrais gagner les jeux olympiques, maintenant un saut en arrière, hou là, plus difficile, j’ai failli me casser la figure, bon, il vaut mieux que j’arrête mes enfantillages, le podium ce n’est pas pour aujourd’hui... C’est quand même très calme ici, pas un bruit, rien, tranquille, pas de circulation, pas de chants d’oiseaux, pas de tondeuses non plus, d’ailleurs pas de maisons, ni d’arbres, pas un brin d’herbe, que des roches et des crevasses, un paysage désolé, sombre, tout est noir sur cette planète même le ciel, très étonnant un ciel entièrement noir et puis là-bas, cette petite boule, eh oui, c’est la terre, je suis émue, elle me si parait fragile notre terre, ah si vous la voyiez comme moi aujourd’hui si belle et délicate, vous en prendriez plus soin.

Roselyne 
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Destination Lune

Je n’aurais pas pu aller sur la lune.
Gros problème :
Je suis quand même assez casanière.

Ça Françoise, je pense que tu peux le comprendre,

Imaginer, par contre, c’est à ma portée.
Sur la lune, quelle douleur !
Pas un regard !
Pas une fleur !
Pas un arbre !
Pas un chien !
Pas un chat !
Sans gros minet !
Impensable !

Ça Françoise, je pense que tu peux le comprendre.

Sur la lune, quelle douleur !
Pas de thé !
Pas de tisane !
Pas de chicorée !
Petite bouilloire au chômage !
Petite bouilloire triste !
Insupportable !

Ça Françoise, je pense que tu peux le comprendre.

Sur la lune, pas de livres !
Sans eux, quelle horreur !
Et l’écriture !
Sans stylo, sans crayon, je suis perdue.
Toi Françoise, tu survivrais.
Il y aurait bien moyen de brancher un ordinateur dans le LEM.

Sur la lune, quelle douleur !
Pas de nuages
Pas de pluie !
Pas de neige !
Pas de soleil !
Inimaginable !

Je sais Françoise que tu n’aimes pas la chaleur
mais le soleil, j’espère que tu n’as rien contre.

Ça Françoise, j’aurais du mal à le comprendre
mais je l’accepterais, par amitié.
Frannette, c’est Frannette.
Je ne vais pas, je ne veux pas la changer.

Nelly