Atelier du 4 novembre

lundi 9 novembre 2020, par Caroline Lanos

Consigne de Roselyne

L’espérance et le doute
Lorsque le grand Colomb, penché sur l’eau profonde,
A travers l’Océan crut entrevoir un monde,
Les peuples souriaient et ne le croyaient pas.
Et pourtant, il partit pour ces lointains climats ;
Il partit, calme et fort, ignorant quelle étoile
Dans les obscures nuits pourrait guider sa voile,
Sur quels gouffres sans fond allaient errer ses pas,
Quels écueils lui gardait la mer immense et nue,
Où chercher par les flots cette terre inconnue,
Et comment revenir s’il ne la trouvait pas. 

Voici le début d’un poème de Guy de Maupassant, sur le voyage, celui de Christophe Colomb à la découverte du nouveau monde, je vous propose, aujourd’hui de voyager avec lui.

1 - Petite mise en bouche : formuler trois conseils pour être un bon marin.

2 - Port de Palos le 3 août 1492, Christophe Colomb est à bord de la Santa Maria prêt à entamer sa première traversée de l’océan Atlantique, vous êtes un des membres de l’équipage, racontez ce moment du départ, votre récit se fait à la première personne et commence par « Je m’appelle », vous donnerez également un titre à votre récit.

TEXTES

Trois conseilles pour être un bon marin :
• savoir nager
• ne pas être sujet au mal de mer
• ne pas prendre la mer sur un bateau qui n’a pas de gilet et de canot de sauvetage !
ou :
• savoir garder le cap
• avoir bon pied bon œil
• savoir se guider avec les étoiles

Je m’appelle Pablo, j’ai trente ans et je viens de nouveau d’embarquer. Cette fois-ci c’est sur la Santa Maria. Je serai le cuisto et je devrai gérer les stocks de nourriture. Et il en a embarqués le capitaine ! Je ne sais pas où l’on va aller mais le voyage risque d’être long à ce que j’ai compris. « Trouver une nouvelle route pour les Indes » qu’il a dit, cap à l’ouest. J’espère qu’on va la trouver ! Ma femme ne voulait pas que je m’engage sur ce bateau pour un voyage incertain comme celui-là. Il faut bien gagner son pain. Qui sait ? Nous reviendrons peut-être riche. Si nous trouvons une nouvelle route plus courte, plus facile, les marins qui l’auront faite s’arracheront à prix d’or pour embarquer sur d’autres navires. Elle est là ma femme sur le quai avec le petit dernier dans les bras et l’aîné accroché à ses jupes. Elle me regarde comme si c’était la dernière fois qu’elle me voyait ! Je sais qu’elle m’en veut, elle a peur pour moi. Mais c’est le destin de tout marin : naviguer. Et cuisto c’est un bon poste, on maintient le moral de l’équipage. Je viens de descendre dans la cale voir si la vache, les cochons, la truie qui est pleine et les poules sont bien installés avant d’appareiller. Tout va bien de ce côté là. Je veux être sur le pont au moment du départ, faire un dernier signe à ma famille. Ce qui est le plus difficile c’est de ne pas savoir quand je la reverrai. L’océan est dangereux, il peut se passer tant de choses mais je ne veux pas y penser, ça porte malheur !
Les va et vient entre le quai et la caravelle sont terminés , chacun à son poste. Sur le quai il n’y a plus que les femmes vêtues de noir, les vieillards, les charrettes et les brouettes vides. Les amarres sont détachées, les bouts lancés à bord. La Santa Maria est libre d’entreprendre son aventureux voyage. Je vois des larmes couler sur le beau visage de Isabella…

Françoise
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Trois conseils pour être un bon marin

Pour être un bon marin, il faut avoir le pied, le pied marin forcément pour garder l’équilibre quand le bateau gîte donc avoir une bonne condition physique sur terre , savoir lire une carte marine et savoir nager, s’entourer d’un équipage amariné dans un bon esprit, prêt à parer à toutes les épreuves comme un seul homme un seul et qui ne confond pas babord et tribord, le roulis et le tangage, qui sait ce que veut dire mettre le bateau à la bouée d’attente et laisser traîner la ligne à maquereaux en tirant des bords

Port de PALOS 3 août 1492
EMBARQUER

Je m’appelle Antonio Da Silva. J’ai 20ans. On m’a recruté sur le port de Palos de la Frontera en Andalousie .Un lieu qui ne payait guère de mine pourtant. Je viens de monter à bord de la Santa Maria amarrée avec la Nina et la Pinta. Sur ordre de Isabelle de Castille dite la Catholique, les caravelles sont armées
Me voilà donc sur le pont mon sac sur le dos parmi des matelots de métier. On nous promet de l’or et de l’argent. L’ aventure me tente et me tourne la tête. Pour le moment les amarres grincent sur le quai, le soleil éclaire un remue-ménage incroyable. On embarque des vivres au moins pour un an, des miroirs, des bijoux, des parures, du sel, de la farine, des tonneaux remplis d’eau et de vin. Cette excitation cache un peu mon angoisse. Je crains subitement mon inconscience mais l’enthousiasme l’emporte. Je laisse tout, je sens déjà le souffle du vent de brises, de risées iodées, d’exotisme. Une envolée vers une terre promise.
Il faut attendre 4 heures du matin. La marée donne le signal. Les mousses commencent à avoir le mal de mer sur la Santa Maria qui part la première .
Emu, je donne un coup de main aux derniers rangements dans les cabines et remonte sur le pont. Les caravelles glissent derrière le navire amiral.
La ville, qui fait marche arrière, est sens dessus dessous. Partout des drapeaux sur les quais et à chaque fenêtre, des visages, des mains qui applaudissent. Il m’arrive encore des parfums de manzanilla et de crevettes grillées, des cris de beuveries qui sortent des tavernes. Cette nuit-là , personne ne s’est endormi . La date est historique et les états-majors sont endimanchés de bérets de velours gris, de manteaux de satin rouge parementés de noirs, de chaussures à talons. On a hissée la bannière royale , orné les voiles de la croix de l’ordre du Christ, les cloches carillonnent. J’entends , assourdi, le plouf des amarres tombant une à une dans l’eau.
La foule sur les quais et les équipages entonnent le SALVE des adieux.
Le vent arrière forcit.
Larguez ! Larguez ! crie Colomb .
Je commence mon voyage, émerveillé. Le décor est grandiose et fastueux.

Jacqueline
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Trois conseils pour être un bon marin :
- Parler avec les vents
- Maîtriser son corps pour l’accorder à l’eau
- Aimer tenir les yeux sur l’horizon

Je m’appelle Diego.
J’ai quitté Moguer avant l’aube pour rejoindre Palos. J’ai fermé la maison sans hâte et sans regret. Quelqu’un saura trouver la clé sous la pierre à droite de la porte, usée par les menus travaux auxquels elle a servi depuis toutes ces années. A celui-là, quel qu’il doive être, je laisse tout. Chez nous ne pouvait devenir chez moi. La mort de Josefa me rend aujourd’hui à la mer. Deux ans sans naviguer. Pour être près d’elle, pour la soigner. Au fil des mois le besoin du pont sous mes pieds me hantait moins, je guérissais. Elle non. Alors je retourne à mon mal, qui la privait de moi, le coeur moins coupable, mais plus lourd.
Du pont de la Santa Maria, je regarde les autres bateaux amarrés, la Pinta et la Nina, qui seront aussi du voyage. Avec le soir, l’agitation s’est un peu calmée. Je n’ai pas vu depuis un moment ce Monsieur Colombo qui tout à l’heure donnait ses ordres à ceux qui chargeaient les marchandises. Il veut trouver la route des Indes, m’a dit Felipe quand il a su que je cherchais un embarquement. Qu’importe une route ou une autre si je retrouve les vagues et le sel, la danse du roulis sous la coque, l’océan sans rien autour que l’eau, ses calmes et ses frasques. Le travail est dur, la tambouille parfois abjecte, les rapports rudes. Ça ne compte pas.
Un petit mousse enroule un cordage et je le regarde faire. Il m’a fait un signe de tête tout à l’heure, pas trop sûr de ce qu’il pouvait dire à ce vieux loup de mer adossé au bastingage. On a tout le temps, le voyage sera long. Le va et vient des charrettes et le flux des badauds jusque tard dans l’après-midi – quand je suis arrivé – disaient bien que ce n’est pas n’importe quelle traversée qui se prépare. Et à l’aube demain ça sera encore un spectacle quand on larguera les amarres. Moi c’est en ce début de nuit que je hume le départ, dans le bateau qui retient son élan, poupe et proue tendues, et le petit vent qui lui tourne autour, le titille pour prendre sa mesure.
Je sens déjà la coque qui s’arrache au quai, les voiles qui l’une après l’autre se déplient et se gonflent doucement dans la lente descente le long de l’Odiel jusqu’à l’océan. On sera à la manœuvre, Petit, et je te regarderai monter dans la voilure, t’arracher résolument à ce qui saura t’attendre. Tu n’as pas fini d’en voir, des quais qui s’éloignent pour des mois. Pour moi c’est fini. Où que me conduisent la Santa Maria, Monsieur Colombo et ses capitaines, je ne reviendrai pas.

Antoinette
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Ah je pensais bien portant quitter le monde de la mer ! Raté !
Je loupe décidément de nombreux départs ! Je voyage dans des univers bien différents. Horloger du temps, je le remonte à contre courant contre cœur et vents et marées.
Quels conseils me donnerais-je pour être CE bon marin ?
La confiance en soi, croire aux sirènes, écouter le vent glissant sur la voile,
et le lâcher-prise.

La route de la soie.

Je m’appelle Yanès. Je suis né non loin du port de Palos en 1474.
J’ai toujours vécu, là, dans le bruit et les odeurs. On m’a élevé à la dure,
mais dans le plus grand respect des personnes et du monde des mers.
Tout allait être possible : surmonter les tempêtes et avancer coute que coute :
d’autres hommes comme nous, des frères vivaient, ailleurs. Mon père, marchand me racontait les histoires, tenues d’un de ses oncles religieux qui lisaient les livres sacrés. Au delà des mers, d’autres marchands, des tisserands, des marchands de couleurs.
Il me parlait d’un monde d’échanges de richesses. Il avait investi dans le bateau la Santa Maria. C’était l’avenir et il dessinait un peu du mien. Il voyagerait par procuration, j’étais son faire-valoir.
Seule ma mère et ma sœur adoptaient une vision plus mitigée du voyage ; Elles pensaient pirates des mers et danger à chaque vague. J’étais entre deux, mais assez heureux de l’intérêt que tous me portait. La présence du Père Angélien à bord,
l’oncle de ma mère, finit par adoucir son déchirement à l’idée de me voir embarquer sur la Santa Maria.
L’amiral Colomb était redouté, et sa compétence de marin, connue comme infaillible, avait eu raison de l’accord maternel. Je crois que j’allais manqué à ma sœur. Elle aussi me manquerait.
Je me disais en rêvassant ces dernières semaines, sur le port que les goélettes, monstre voilé flottant, illustraient la représentation que je me faisais de cette aventure. Je n’avais aucun doute là dessus. C’est donc en toute confiance que j’arrivais avec mon baluchon, ma force de vingt ans sur le pont du Santa Maria.
En cet été 1492, au matin du départ, la tension était perceptible. Des centaines d’hommes répartis sur trois gros vaisseaux .
Bien loin de visualiser tous les marins, de tous les ages qui s’agitaient sur le pont. Chacun sa fonction, chaque chose à sa place. Je n’étais pas forcément le plus jeune. Mais le capitaine comptait sur ma connaissance des bateaux, mon sens marin avait-il dit à mon père lors des essais. Il avait parlé de mon écoute, c’était un bon p’tit gars efficace et jovial. Je serai aussi négociateur, mais ça, c’est au cours du périple que j’allais rencontrer et apprendre la vie.
Le Père Angélien avait donné la bénédiction autant aux bateaux- nous partions en flotte avec la Pinta et la Nina, qu’aux hommes d’équipages. Je savais que sa présence me serait d’un immense réconfort, il m’apprendrait beaucoup sur le monde, la foi et sur les hommes, et voilà que j’allais au devant d’eux.
Je savais lire et je savais que j’aurai à dessiner des cartes marines, le tout au sextant et au compas. Marin géographe …C’est bien longtemps après, ce premier voyage, que j’avais reçu ce titre-là !
Toutes voiles dehors, l’Amiral Colomb salua la foule venue nombreuse malgré l’heure matinale. Tous venus au spectacle, assister au départ de cette armada,
partant sur la route des Indes, conquérir l’Asie. J’eus le cœur un peu vrillé
en passant les derniers quais, derrière le bout du phare, gros pincement.
Mes parents, ma sœur, ils devaient tous se tenir droits pour insuffler leur force.
Un simple geste de la main ; Le baiser d’adieu, véritable trésor, nichait en mon sein.
Déjà les bateaux roulaient, tanguaient et, certains vomissaient déjà.
On allait devoir s’habituer. Plusieurs mois sans poser le pied à terre, j’allais apprendre.
En attendant, les belles soirées d’aout sur le pont, et les rêves d’aventure combleraient le vide.

Stéphane.