Jour 7 du Grand Confinement

mardi 24 mars 2020, par Frédérique Niobey

Aujourd’hui.. TRACTS DE CRISE
Belle initiative chez Gallimard

Les « tracts » de Gallimard
Chaque jour, durant cette période de crise, « Tracts » publiera, sous forme numérique, des textes brefs et inédits d’auteurs déjà publiés dans la collection ou se sentant proches de celle-ci. Ces textes seront proposés gratuitement en téléchargement aux lecteurs ; il sera temps, après la crise, de les réunir et les publier sous forme imprimée, dans un recueil spécial de « Tracts ».
Les « Tracts de crise », chacun à leur manière, selon leur tonalité ou leur vision singulières, rendront compte de ce qui se passe pour nous tous. On peut être isolé mais s’adresser à tous ; soyons solitaires et solidaires, ainsi que nous y invitait Albert Camus.
Alors qu’aujourd’hui « les événements ont cessé de faire grève », comme l’écrivait Jean Baudrillard en d’autres circonstances (2001), l’écrit a plus que jamais sa place pour nous aider à employer les mots justes ; les mots justes qui nous saisissent autant qu’ils nous libèrent.
Ensemble et confinés, solidaires contre l’épidémie, pour les malades et les soignants, pour nous tous.
Trois parutions par jour, à heures fixes : 10 heures, 14 heures et 20 heures
Vous pouvez vous abonner afin de recevoir tous les jours les nouveaux Tracts de crise.
Pour ce faire, merci d’envoyer un message contenant votre nom, prénom et adresse mail à tracts@gallimard.fr


Donc, à partir du montage de ce qui pourrait être les quatrièmes de couverture
ON CUT UP !
On coupe, on prend, on colle, on jette, on cherche de nouvelles phrases avec celles qu’on démonte… A vos ciseaux !

Le virus, soudain le fit trembler.
« Il est le commandant en Chef »
appelle le hérisson : Occident prend conscience que c’est une drôle de guerre,
le virus fait la fête, la face aimable « moi d’abord et que le reste périsse ».
Le hérisson est déterminé, il s’époumone : tous les êtres humains sombrement crispés, grippés, fiévreux, tousseux, sains bref...je vous somme pour la première fois de ma vie : la vitesse cela suffit, « planquez ce monde d’égoïsmes, l’obsession de sa croissance ».

« Le goût des autres » poursuit sa course folle autour du vaste monde, c’est un touriste qui serre la main. Le coronavirus n’existe nulle part. Tétanisé, en un éclair, il a sauté de son piédestal : les yeux des personnes nous ont montré un droit égal pour tous, les vraies richesses sont autour de nous : ces géraniums sauvages, ces bourgeons qui éclatent partout, cette lumière unique.

Cette vertu est celle de la durabilité où une mobilisation générale se serre les coudes. Un virus a révélé la volonté de faire autrement. J’assiste à ce renversement : le paravent de l’inconscience s’isole, le paradis est partout. Nous y sommes.

l’écrivain a pour mot d’ordre : j’écris.
Laurence.

Alors, j’écris . C’est une expérience qui participe de la globalisation parce que se terrer, se serrer les coude, s’isoler, écarter les corps des uns des autres pour se rapprocher d’eux en esprit, ne suffit pas.

Pas le choix face à la vulnérabilité, à la maladie, à la mobilisation générale, au « planquez vous » d’une drôle de guerre.

Ouvrir les yeux, pour un droit égal pour tous, pour une santé publique sur un piédestal, pour un Temps impératif et attentif à l’hôpital.

Pour le première fois de ma vie j’assiste à une épidémie planétaire .La course folle d’un virus autour d’un Occident aux déchaînements transgressifs, égoïstes et sombrement crispés le fait trembler.

Pour que le goût de la fête, paravent de l’inconscience, périsse et que dans le paradis, nous y sommes, la redoutable Vertu de Victor Hugo soit notre dernière chance pour faire autrement

Les vraies richesses sont autour de nous, ces géraniums sauvages, ces bourgeons qui éclatent

Et j’écris, fragile dans cette lumière qui n’existe nulle part ailleurs.

Confinement. Jour 7 .
JM


Tracts de crise

Le touriste prend son temps, il profite de toutes les occasions, il fait des selfies, serre les mains, applaudit les cortèges, visite les églises, les assemblées et même les bidonvilles.
Je suis écrivain du vaste monde et j’écris, j’écris. C’est une expérience contemporaine, notre chance pour ouvrir les yeux, le paradis est partout, géraniums sauvages, bourgeons qui éclatent et cette lumière unique et voilà le hérisson fragile, la vitesse dont il n’avait pas fait sa façon de vivre le fit trembler, face à sa vulnérabilité il devint attentif aux voyages de tous les êtres humains, ultime parade mais cela ne suffit pas, il n’a pas le choix, à l’heure près se terrer s’impose.
Je suis écrivain du vaste monde et j’écris, maintenant la vie secrète des écrivains est devenue « grand public », convenons néanmoins que toute la question est celle de la durabilité. Drôle de guerre, le commandant en chef a pour mot d’ordre le goût de la fête, version dionysiaque, mobilisation générale pour faire société, pour se serrer les coudes et les corps, pour se rapprocher.
Pour la première fois de ma vie d’écrivain j’assiste à cet unique et impératif mot d’ordre célébré par Georges Bataille, et en un éclair la vertu, devenue banale, a sauté de son piédestal.
Roselyne

Virus

Le vaste monde mutant sous les dehors archaïques
rôde à nouveau, attentif
La circulation planétaire fait le hérisson
Le Temps Tétanisé est peut-être notre dernière chance de vivre, de croître et
de communiquer
La maladie se faufile partout profite de toutes les banques qui s’époumonent
naguère cortèges déterminés

vivre ailleurs

Le paradis est sauvage, ces bourgeons inoculés n’existent nulle part
« planquez ces assemblées de géraniums »

ultime parade
se serrer les corps et écarter les coudes
redoutable vulnérabilité aux courses folles

drôle de guerre opportuniste de la vertu
les vraies richesses dans l’unique et impératif renversement
l’autrement
transgressif, il prend son temps
il n’a pas le choix
il éclate

Caroline

pour nous rendre compte que dans les banques il n’y a rien, que les vraies richesses sont autour de nous.
Pour la première fois de nos vies, nous assistons à ce renversement : l’économie, l’obsession de la croissance, a sauté de son piédestal, elle n’est plus la mesure des rapports ni l’autorité suprême.
Le commandant en chef a pour mot d’ordre : « planquez-vous » ; où une mobilisation générale met à l’arrêt ; où on appelle à ne plus faire société pour faire nation, à s’isoler pour se serrer les coudes et à écarter les corps les uns des autres pour se rapprocher d’eux en esprit. C’est une drôle de guerre !
La maladie, comme la circulation des biens, des personnes, de l’information présente un caractère planétaire, participe de la globalisation. Le virus poursuit sa course folle autour du vaste monde.Voilà l’Occident face à sa vulnérabilité. Tétanisé, fragile, il n’a pas le choix. La vitesse, dont il avait naguère fait sa façon de vivre, de croître et de communiquer, soudain le fait trembler. À l’heure près, il devient attentif aux voyages du virus en question. L’inhibition de l’action fait œuvre d’ultime parade.
Toute la question, maintenant, est celle de la durabilité de la prise de conscience et de la volonté de faire autrement. En tirerons-nous la leçon ? Nos dirigeants seront-ils à l’avenir plus attentif, plus prévoyant, avec une vision qui ne soit plus à court terme ? Seront-ils plus humain ? Et nous ?
Alors j’écris.

Françoise.G