Atelier du 21 septembre 2013

mardi 24 septembre 2013, par Webmestre

Samedi 21 septembre 2013

Après avoir demandé à chacun, pour soi, de faire un inventaire de titres de films, je lis un passage du livre de Guilaume Guéraud, Sans la télé, où il évoque sa découverte du cinéma, lorsqu’il était enfant.
« Et je vois des images gigantesques. Je vois une ville en flammes et je vois des rats en cage. Je vois des couleurs étincelantes t je vois le faisceau du projecteur trouer l’obscurité et je vois des ombres ramper sur l’écran. Je vois des chevaux soulever de la poussière et je vois des personnages s’embrasser et je vois des filles danser à poil et je vois une foule de visages apeurés. Je vois des choses que je n’ai jamais vues et je vois des choses que j’ai l’impression d’être le seul à voir et je vois des choses que je suis certain de ne plus revoir. Je vois la vie éclater et je vois trois millions de secousses agiter le monde. Et je vois des miracles.
Et ça me plaît. Je ne comprends pas le quart des choses qui défilent devant mes yeux mais ça me plaît. »

CONSIGNE 1 : « Je vois… » Ecrire, les unes à côté des autres, simplement séparées par une virgule, ces images qui reviennent des films que l’on a vus. Les écrire comme elles arrivent, pêle-mêle, sans donner aucune référence.

Lecture.
Pendant la lecture, être attentif aux images proposées par les autres et en noter trois, trois images qui ne renvoient pas directement à un film que l’on connaît.

CONSIGNE 2  : Choisir une des trois images. C’est une image extraite d’une scène de film. Il s’agit maintenant de se « faire son cinéma ».
Je pense à l’émission de Marie Richeux sur France Culture « Pas la peine de crier » et à son « Polaroïd » quotidien. L’idée est d’écouter voir. Et si l’image pouvait sortir lentement du poste, comme développée par une description sonore.
Voici le lien vers le texte de Marie Richeux lu à l’atelier ce jour-là :
http://www.franceculture.fr/emission-polaroid-le-temps-courant-2013-09-02

Que pouvez-vous reconstituer à partir de l’image choisie ? Il ne s’agit pas de raconter une histoire, mais de révéler petit à petit, une scène. Le texte commence par l’image choisie et se développe à partir d’elle. La scène apparaît lentement, comme il n’y a pas si longtemps l’image apparaissait sur le papier photo plongé dans le révélateur des labos.

TEXTES

Consigne 2

Philippe

Des hommes alignés, presque immobiles, à l’arrêt, prêt à se mettre en marche, immobiles, les yeux aussi, les maillots arborant des motifs disparates, un peu criards, un peu moches, un peu vieillots, porter fièrement, les maillots, leur dernier signe de reconnaissance, leurs drapeaux de ralliement, immobiles sans frémir malgré l’atmosphère humide de la salle à peine atténuée par les deux projecteurs lâchant leur faisceau de lumière blanche traversant l’air épaissi par la fumée.
En contrebas, en contre-jour, les silhouettes des têtes des premiers rangs masquent les pieds nus des hommes sur la scène.
On attend la musique.

Catherine

Une vieille voiture noire et vernie, stationnée au bord de la falaise, sous la pluie qui tombe à flots.

A l’intérieur, deux personnes qu’on distingue à peine à travers la buée à l’intérieur du véhicule et l’eau qui dégouline sur les vitres.

On se rapproche. Au volant, à la place du chauffeur, on devine la silhouette d’un homme, il porte une casquette. A ses côtés une femme, elle porte un foulard noué serré sous le menton qui lui enferme sa chevelure longue.

A leurs mouvements,

là on a deux hypothèses : soit les mouvements sont brusques, on découvre une scène dramatique, soit les gestes sont tendres, on a affaire à une scène romantique, avec des amants enlacés...

Stéphane

4, 3, 2,1, zéro.

Deux joues qui flottent par la course effrénée, au milieu d’un visage trop grand pour lui
Deux oreilles marbrées de rouge aux pourtours, accentuées par la fraicheur matinale
Deux yeux hagards qui jettent par l’arrière un regard perdu
Une bouche tordue dont s’échappe la vapeur fumante
Un corps suant qui fait le pantin désarticulé
Deux mains qui se desserrent laissant dix doigts à terre
Deux mains aux doigts rassemblés qui se lancent en avant pour amortir la chute
d’une corps troué de deux balles s’affalant sur le macadam glissant.
Mortes les joues dont le balancement a cessé,
fermées les oreilles rouges et,
le regard blanc est tout à fait vide.
L’homme est encore chaud , mais tout à fait mort.