Samedi 7 avril, caravane, dernier épisode.

mardi 1er mai 2012, par Frédérique Niobey

La caravane est devant la médiathèque, soudain petite, fragile, face au géant de béton et de verre.

Pour un peu, avec ce vent, elle s’envolerait.

Dans la médiathèque, silencieux, vont et viennent les bibliothécaires.

Peut-être un jour, intrigués ou curieux, sortiront-ils et viendront-ils voir ce qui se passe devant leur porte.

Peut-être un jour, avec l’écrivain que nous invitons chaque année, passerons-nous les portes de verre qui coulissent sans bruit.

Est-ce à souhaiter ?

Oui, sûrement. Mais gardons aussi un pied dans la réalité de la ville, le vent, le froid, le bruit des scooters et les jeunes sur l’Esplanade.

Gardons le café, le thé que l’on offre à ceux qui entrent, et cette bulle qui se recrée, étonnamment, chaque mois.

Gardons l’intimité d’une lecture, dans la voix de Sarah, dans la voix de Jean-Yves.

Gardons ces rencontres éphémères et surprenantes, et notre sourire devant toutes ces excuses que l’on nous donne pour ne pas entrer dans la caravane : Je n’ai pas le temps, j’ai un rendez-vous, j’attends quelqu’un, j’ai ma mère, j’ai mes enfants, j’ai mon chien, ça intéresserait plutôt mon mari mais il n’est pas là, je dois aller boire un café, il fait froid, je ne lis pas, je connais, je connais, je vais à la médiathèque, une autre fois, vous êtes là tous les jours ?

Oh, non, madame, et puis c’était la dernière fois.

Ainsi passent les samedis, les Liseurs, les mots de Ahmed Kalouaz et la caravane. Bye, bye…

Frédérique