Atelier du 14 décembre

lundi 14 décembre 2020, par Caroline Lanos

Consigne de Stéphane

Tout est reparti. Toutes les destinations lui étaient possibles,
lorsqu’il tomba sur cette phrase, d’un certain Marcel P. :
« Le seule, le vrai, l’unique voyage c’est de changer de regard »
Alors il décida de changer ses plans pour cette fin d’année...

Racontez


TEXTES

Tout est reparti. Toutes les destinations lui étaient possibles,
lorsqu’il tombât sur cette phrase :
« Le seule, le vrai, l’unique voyage
c’est de changer de regard » d’un certain Marcel P.
Alors il décidât de changer ses plans pour cette fin d’année...

Racontez

Il était célibataire. Il n’avait pas choisi, c’était comme ça. Chaque fin d’année depuis qu’il travaillait, il partait pour un voyage « over sea ». Il avait cette volonté de vivre intensément le présent, qui dans tous les pays visités, lui avait réservé tant de surprises et de beautés
On arrivait à la mi-décembre 2020 . Le monde entier était toujours sous la dictature d’un virus, ennemi invisible et inconnu, d’autant plus dangereux . Confinement, déconfinement, couvre-feu, télé travail, autorisation de sortie. De tout cela il s’accommodait. Pas de conséquences directes sur sa Start-up, « entreprise innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future. » Un business modèle !
C’était un garçon fier de sa réussite, sûr de lui. Indifférent aux objets du quotidien qui l’entouraient. Ils les pensait sans âme et sans intérêt. Uniquement utilitaires.
Le 24 décembre arriva. Un soir de Noël pas comme les autres. Il se retrouva seul chez lui. Pas question de rendre ses parents malades. Il ne les verrait pas cette année.
On fera un apéro-zoom avait dit une de ses sœurs.
Il sortit en fin d’après-midi, fit quelques courses de circonstances .
Il disposa sur la table, une nappe blanche, une assiette en porcelaine, un verre à jambe, une serviette blanche , une bougie allumée.
Il retourna dans la cuisine puis revint aussitôt vers cette table affublée d’une décoration inhabituelle. La vision l’interpella. Son regard se posa sur le « verre à jambe ». Celui-là venait d’une cristallerie disparue aujourd’hui. On avait même abattu la cheminée. Cela avait bouleversé son Grand-père qui avait travaillé là toute sa vie comme souffleur de verre.
On disait aujourd’hui « un verre à pied ». Le mot pied était-il plus chic que le mot « jambe » donné par les ouvriers ? Alors, le verre devint indispensable dans la place qu’il occupait devant l ‘assiette. Le verre devint vivant par la transparence du cristal très fin illuminé par la flamme de la bougie. Vivant par la délicatesse de celui qui l’avait réalisé dans l’amour d’un métier.. Un métier d’art. Il versa un peu de Saumur Champigny dans le calice et admira les belles couleurs du vin. Tenant le verre par la jambe, pour ne pas réchauffer le liquide ambré, il le fit danser, tourner, valser, l’aéra pour en révéler tous les arômes. Le verre à jambe dans son élégance, devint lieu de découverte, de convivialité, de richesse, de rêve et de diversité. La base, la tige et le calice possédèrent alors quelque chose de religieux, de divin.
Il se surprit à contempler le décor qu’il venait de réaliser machinalement, juste parce qu’il passait une veille de Noël, pour la première fois, sans famille autour de lui et qu’il apercevait sous de la matière, sous de l’expérience, quelque chose de différent, de nouveau, exactement l’inverse de ce qu’il vivait précédemment et qu’il appelait « sa vie »
Il pensa à Proust enfermé dans sa chambre : « Le seul, le vrai, l’unique voyage, c’est de changer de regard. »

Jacqueline