Atelier du 17 novembre

mercredi 18 novembre 2020, par Caroline Lanos

Consigne de Geneviève

Sur le mode Oulipo

Vous voyagez en train et vous observez les autres passagers.
1- Description physique de 5 d’entre eux, ou elles. Leur attribuer un signe distinctif
2- Reprendre un à un les différents personnages dans un ordre différent de la première partie en répondant à la question : Qui peuvent-ils être ?
3- reprendre une nouvelle fois tous les personnages dans un ordre encore différent des deux premières paries en répondant à la question : que font t-ils ? Que se passe-t-il ?

Poursuivre le texte jusqu’au Terminus. Tout le monde descend.


TEXTES

Dans le train

Voiture 4 Compartiment 3
5 personnes assises plus moi.

1-Elle tricote. Elle a les cheveux gris attachées en chignon. Son visage est ridé mais serein. Elle porte une robe fleurie ceinturée, manches longues. Des bas de contention enserrent ses jambes et ses pieds enfilés dans des chaussures Méphisto à scratch. Atour de son cou un chaîne pote une croix grise discrète. Ses lunettes sont rondes.

2-Lui croise et décroise les jambes. Ouvre et ferme son téléphone potable. Il a des doigts longs de pianiste, des cheveux bruns crépus, des yeux très bleus un peu glaçants. Un nez aquilin. Le col de sa chemise est ouverte sous un blouson de cuir noir. Son jean est élimé au genoux. Il porte de baskets Nike. A son index gauche , une alliance.

3-La casquette à l’envers, des écouteurs sur les oreilles. Il écoute du Hip Hop, de l’électro ou du pop rock. Il est absent de la voiture. Baskets New balance .Jean déchiré aux genoux ; Sweet shirt PSG. Barbe naissante à la mode. Boucle à une oreille et tatouage sur le poignet droit.

4-Elle, une petite fille. 9 ou10 ans. Assise près du Raper. De longs cheveux frisés autour d’un visage enfantin et doux. De beaux yeux bruns aux longs cils. Elle porte un survêtement et des baskets New Balance aussi. Elle a enlevé son blouson. Sur ses genoux, un livre fermé : 1984 de George Orwell

5-Lui bon chic bon genre. Sûr de lui. Costume sombre cravate rayé. Un uniforme de CadreSupérieur Bottines noires cirées. Cheveux coupés courts légèrement gominés. Tiens un attaché case qu’il n’a pas posé dans le filet au dessus de sa tête. Ongles parfaitement entretenus. Montre Rolex au poignet droit. Parfum Mâle de Jean- Paul Gautier.

- II-
5-Aucun doute c’est un cadre supérieur. Doit travailler à la Défense ou à Bercy ou dans une holding quelconque Sont tous habillés semblablement et tristement. Je sens son impatience. Il jette régulièrement un coup d’ oeil sur sa Rolex. Il a un rendez-vous important avec LVMH , ou bien il est avocat d’affaires et les affaires sont les affaires. Font marcher le CAC40 .

3et4-Le raper et la petite fille sont frère et sœur. Elle s’endort bercée par le train . Il la recouvre de son blouson, lui caresse la joue, lui murmure quelques mots rassurants que je ne comprends pas. Prend 1984 , retire ses écouteurs et se met à la lecture . Attendrissant et rassurant.

2- Le téléphone des jambes agitées sonne. Il décroche et reste à sa place si bien qu’on a droit à la conversation qui ne n’intéresse personne. Il s’agit de la garde alternéede deux enfants. Le ton monte. Puis on raccroche à l’autre bout du fil si on peut dire ça comme ça encore. Encore deux gamins bouzillés. Des larmes dans les yeux des jambes agitées qu’il camoufle tant bien que mal

1- La vieille dame est une religieuse. Sereine. Elle tricote pour une maternité ou un établissement qui reçoit des mères abandonnées ou des mères trop jeunes. De quelle communauté est-elle ? Les Filles du Saint Esprit à St Brieuc ou les sœurs de l’Assomption ? J’envie sa sérénité. Elle sourit au raper qui lui rend son sourire.

Le train ralentit. Bientôt le terminus de Montparnasse. Le raper réveille doucement la petite fille. L’aide à enfiler son blouson, à mettre son bonnet.
Le cadre supérieur est debout main sur la poignée. Il doit être le premier à descendre, ne pas rater le CAC 40 .
Les autres prennent leur temps. Récupèrent leur bagages, se couvrent. La fillette semble fatiguée.
Je demande au raper si ils vont loin.
Clichy-sous -bois me répond le garçon tenant sa petite sœur par l’épaule
ça va aller ? Je peux vous accompagner ?
Non, non, c’est bon . On a l’habitude. Merci en tous cas.
Les autres se sont évanouis dans la foule sur le quai bondé.

Jacqueline


Départ de Rennes pour Paris, dans la voiture 12 sont assis :
Un homme la quarantaine, costume, cravate, ordinateur portable.
Une femme la trentaine, elle lit un gros livre.
Un jeune homme un casque audio sur les oreilles.
Une jeune fille jupe courte sur leggings noirs elle joue sur son téléphone.
Une vieille femme elle tient serrée contre elle un sac à main qui est passé de monde depuis longtemps.
Elle est assise devant moi, mais je n’arrive pas à lire le titre de son livre. C’est un livre ancien sa couverture est en cuir. Avec sa paire de lunette et ses cheveux attachés. Cela lui donne un air intello. Une enseignante ? Elle paraît un peu trop âgée pour être encore étudiante.
Lui il doit être encore au lycée. Fait-il l’école buissonnière ? Non, nous sommes vendredi soir il va rejoindre son père ou sa mère qui sont divorcés.
Accrochée à son I phone comme si il était greffé au bout de ses mains ! Elle ne l’a pas quitté depuis le départ de la gare. Je la vois bien vendeuse dans un magasin de vêtement. Sa tenue est soignée, sa jupe courte et ses leggings mettent en valeur ses longues jambes fines.
Quel âge peut-elle avoir la vieille dame au sac ? Impossible à déterminer. Elle part peut-être rendre visite à un de ses enfants ou petits enfants. Elle n’a pas l’air à l’aise, elle ne doit pas prendre le train souvent.
Lui avec son costume cravate, sa barbe de deux jours pas plus et son portable dernier cri, ce doit être un commercial avec un bagou à toute épreuve ! Il doit retourner à la maison mère de sa société pour faire le rapport de ses activités en province.
Il bat la mesure avec ses doigts sur son jean déchiré au genou. Il doit écouter de la musique entraînante vu le rythme de ses doigts. Un groupe coréen ? Ils sont très à la mode en ce moment chez les adolescents !
Heureusement pour nous elle a mis son oreillette et on entend pas les sons si désagréables de cet engin ! Elle grimace, elle a dû passer à un niveau supérieur un peu plus difficile.
La vieille dame au sac est un peu plus détendue, elle regarde par la fenêtre défiler le paysage.
Les doigts allongés sur le clavier, l’homme-costume-cravate remet ses rapports au propre.
La femme lectrice referme son livre et semble en pleine réflexion.
Elle est tendue, les doigts crispés sur le I Phone, elle déplie ses jambes, son visage se rapproche encore davantage de l’écran. On l’entend pousser un cri rageur et désenchanté. Elle vient de perdre la partie.
La vieille dame a sursauté. Elle regarde la jeune fille d’air réprobateur.
L’ homme-costume-cravate sans quitter son écran des yeux, sourit.
Elle regarde la jeune fille, la tristesse se lit dans ses yeux, on peut même deviner ce qu’elle pense : tant d’énergie dépensée pour ça ! Elle reprend sa lecture.
Depuis quelques minutes le jeune au casque audio a remarqué la jeune fille, il détaille ses jambes d’un air rêveur. Il se lève et vient s’asseoir en face de la jeune fille. « A quoi tu joues ? »
La vieille dame les regarde et pince les lèvres, « Ah ! Ces jeunes ! » marmonne -t-elle pour elle-même.
Avec un soupir de soulagement l’homme-costume-cravate ferme son ordinateur portable , allonge les jambes et s’étire satisfait de son travail.
La lecture doit être passionnante, les pages sont tournées de plus en plus vite.
Il sourit, et elle aussi en pleine conversation jeu vidéo.
Elle le trouve sympa avec ses yeux noisettes, elle lui demande si il veut bien lui faire écouter sa musique.
Le costume-cravate sort de son sac un sandwich jambon beurre et mord dedans avec avidité.
Elle pose son livre sur ses genoux, enlève ses lunettes et se frotte les yeux.
Le garçon enlève son casque et le pose délicatement sur les oreilles de la jeune fille.
Elle lui sourit, son visage est tout proche de celui du garçon.
La vieille dame se tortille sur son siège, Elle se lève et se dirige vers les toilettes en tenant toujours son sac contre elle.
La jeune femme a les yeux humides, elle remet ses lunettes, regarde l’heure à sa montre , range son livre dans son sac à main et se dirige vers la porte.
Voyant le train ralentir, le garçon fait signe à la fille que le train va entrer en gare,
Elle lui rend son casque, se lève en même temps que lui et ils se collent l’un à l’autre dans l’allée en riant.
La vieille dame sort des toilettes et leur jette un regard mauvais.
L’homme-costume-cravate, rajuste celle-ci, époussette sa chemise blanche des miettes qui sont tombées dessus. Il attends que la lectrice, les deux jeunes toujours collés ensemble passent pour les suivre.

Tous descendent les uns après les autres du TGV. Il y aura eu au moins une rencontre pendant ce voyage entre Rennes et Paris.

Françoise


Côté couloir, bof je préfère en général la fenêtre mais je m’y suis prise trop tard, heureusement ma place est dans le sens de la marche et à défaut du paysage, je vais observer les autres voyageurs, ma voisine d’abord, jeune, blonde, coupe au carré, très mince, tailleur pantalon assez chic vert bronze et ce parfum qui me titille les narines, je parierais pour « opium », elle a du avoir la main un peu lourde ce matin, pourvu que ça ne me donne pas mal à la tête. Dans le carré un peu plus loin, je vois un militaire, un gradé je pense, bien sanglé dans son uniforme, le crâne rasé, le bras en écharpe, pas souriant le bonhomme, à côté de lui, une petite dame, toute violette, manteau, robe, chaussures, sacs, même les cheveux, tout est violet chez elle. En face, je vois dans le reflet de la vitre un très jeune homme, plutôt enrobé, le visage couvert d’acné et plus loin dans la rangée une femme brune, d’origine indienne, drapée dans un sari de couleur pourpre. Elle a de l’allure cette femme, un port altier, je l’imagine princesse, une rani, épouse d’un rajah tout le contraire de la petite violette, charmante et modeste comme la couleur qu’elle porte en étendard.
Le garçon acnéique doit être lycéen, il a un cartable sur les genoux, et le militaire revient d’une mission à l’étranger, d’un pays en guerre peut-être d’où sa blessure et son air lointain, quand à ma voisine, pas la peine de chercher, elle est professeure, elle corrige à tour de bras des copies depuis que le tgv a démarré !
Le jeune homme au visage marqué se lève, il va au toilette ou à la voiture-bar se chercher une friandise, il n’a pas arrêté de grignoter depuis le départ, la belle princesse a un magasine devant elle, elle suçote un crayon, elle doit réfléchir sur une grille de mots croisés, le militaire a les bras croisés, le regard sombre perdu dans le paysage qui défile et ma voisine vient de ranger ses copies, elle sort un casque audio qu’elle fixe sur sa tête et sélectionne sur son iPad sans doute une playlist, elle ferme les yeux noyée dans sa musique.
Le train continue sa route, vite, la vitesse est hypnotique et je me laisse bercer. Je sommeille, la voix du chef de train me sort de ma torpeur, il annonce le terminus, le lycéen a déjà récupéré son sac à dos et attend au bout du couloir, le militaire se lève et se dirige vers la soute à bagage, il me fait un signe de tête en passant devant mon siège, il me semble même voir un fugace sourire, je dois me lever pour laisser passer ma voisine qui a rassemblé tout son matériel dans une grande sacoche, elle me murmure « merci, au revoir », elle laisse derrière elle un sillage de parfum, entêtant. Je me rassieds, le train s’achemine tout doucement vers la gare, j’attendrai l’arrêt complet pour bouger, la petite violette semble pressée, elle avance vaille que vaille un peu chancelante, je me demande si sa valise est de la même couleur que sa propriétaire. Le train est à quai, je me lève et laisse passer la dame au sari pourpre, en la suivant j’admire son maintien, je récupère ma valise et descend de la voiture. Je me redresse et marche tranquille, la tête bien droite, moi aussi je peux avoir un port de reine !

Roselyne


5/ Coté fenêtre sur ma droite, une jeune femme aux cheveux frisés en salopette fait de l’ordinateur.

2/ Coté fenêtre devant à ma droite, l’homme à la moustache blonde, dort.

1/ Coté fenêtre à gauche, la jeune femme au pull mauve, avec sa mèche blanche, colle son visage sur la vitre, elle semble rêveuse et triste.

3/ A l’emplacement du vis à vis, une femme ronde agite sa main plâtrée et remplit des cases de mots sur son journal.

4/ Face à elle, une jeune homme berce la cage au chat qu’il tient sur ses genoux.

1/ Coté fenêtre à droite, la petite femme, vêtue d’un jean et d’un pull mauve, arbore une mèche blanche elle me rappelle la chanteuse Pomme, mais en plus âgée.

2/ Coté fenêtre, l’homme en costume gris, look jeune cadre dynamique porte une moustache blonde de couleur différente de sa chevelure brune, j’ai pu l’apercevoir lorsqu’il a abaissé son masque pour se moucher ; il somnole et sa tête dodeline.

3/ Au vis à vis, une femme, la cinquantaine, un peu ronde habillée d’une ample tunique, remplit des grilles de mots de sa main valide, l’autre étant plâtrée ; sur son visage un masque qui n’arrive pas à cacher ses beaux grands yeux bleus surlignés de khôl.

4/ Face à elle, le jeune homme tient sur ses genoux, un panier où l’on devine l’animal, à la fourrure généreuse . Ses mains sont posées sur le panier bien à plat, comme pour sécuriser le chat qui semble se refuser à dormir.

5/ Coté fenêtre sur ma droite, une femme d’une petite trentaine d’années aux cheveux frisés crépus en salopette bariolée tons d’automne, lit et pianote sur son ordinateur avec ferveur et délectation.

3/ Au vis à vis, la cinquantenaire à la main plâtrée ; je l’imagine bien sur son pupitre de prof. Elle a glissé dans l’escalier ciré, ses élèves ont applaudi lorsqu’ils ont pris connaissance de son absence. Elle s’applique, gomme les ratures, obsessionnelle

5/ Coté fenêtre à gauche la jeune femme aux cheveux frisés compose de la musique, passe-temps dada ? Compositrice elle prépare son prochain spectacle.

1/ Côté fenêtre la mèche blanche est étudiante. Plutôt jolie, elle s’appelait Lili. C’est elle qui l’a dit. « Allo, c’est Lili » avant de se lever pour suivre sa conversation. Elle se rend à son premier stage en tourisme au siège pour sa réunion mensuelle en présentiel, et mise en commun des dernières directives, et compte rendus réunions en Zoom. Bon j’ai juste entendu quelques brides , mais bon, on se raconte toujours des histoires. Bien élevée, attentionnée aux autres. Pourquoi je la voyais faire autre chose. C’est vrai que le tourisme, autant que la culture, et moult créneaux entachés sont malmenés. Mais cette crise peut amener à d’autres chemins, on est obligé de repenser notre manière d’être au monde. Ça c’est certain, a-t-elle conclu.

4/ Le jeune homme au chat est « cat ’ brother » le week- end et orthophoniste de métier, il vient de parler d’un congrès duquel il revient ; Son chat miaule très discrètement. Alors il remue davantage ses genoux, bat la mesure du mouvement du train avec ses mains bien manucurées, tout en douceur sur le plastique fuschia

2/ La moustache blonde, a fini son somme. La buée sur ses lunettes qu’il vient de chausser, l’énerve. Il ouvre un magazine qu’il vient de sortir de son sac posé tout à fait au dessus de lui. Je devine les rubriques « Offres d’emploi » . Il jette un regard de côté, presque agacé... Veut-il aller aux toilettes avant l’arrivée imminente ? Il sort à nouveau son petit flacon de gel , dont il s’est frotté les mains avec vigueur plusieurs depuis le début du voyage, après s’être mouché, en se baissant à se cacher derrière le siège, comme un gamin pris en faute.

La petite musique annonce l’arrivée prochaine en gare, pas mécontente d’arriver malgré la galerie de portraits qui s’offrait à moi... J’en ai un peu oublié ma dernière consigne à rédiger pour l’atelier d’écriture .

Stéphane.