Jour 24 du Grand Confinement

vendredi 10 avril 2020, par Frédérique Niobey

Aujourd’hui ç’aurait dû être Café de Paris

REVONS DONC de cette rencontre au Café de Paris

Tiens un haïku !
C’était Jean Le Goff qui le soufflait à l’oreille de Geneviève, la petite.

Deuxième jeudi
Café de Paris
Jurançon et bière d’avril.

Il est encore là, et je vous le souffle à mon tour…
Et vous, vous l’entendez ? Il fait un peu nuit, alors je parle doucement.
Jacqueline n’a pas quitté ses mitaines, malgré le soleil de la journée,
venu réchauffer nos vieux os. Son coussin la relève et
elle a les genoux qui cognent dans la table.
Catherine a sorti son petit carnet de notes spécial des quatre jeudis.
- Il prend tout son sens, dit-elle en riant.
J’aime bien son rire, son oeil pétille quand elle nous regarde. Je lui souris à mon tour.
Elle fait presque juvénile. Elle a ses lunettes rouges, des boucles de cerises et,
une barrette à cheveux et une broche coquelicots.
Symphonie de rouge pour notre Catherine.
Antoinette, a réussi a laissé ses copies tomber.
Elle est arrivant en criant :
« Oh vous n’allez pas me croire, j’ai réussi à garer le camping-car sous le haut vent de la terrasse,
ma bibliothèque a absolument voulu m’accompagner ! Je l’ai installée,
mon mari trouve que ça prend trop de place, dans un tel espace confiné.
C’est bien aussi, ça change ! »

J’ai eu l’impression d’avoir rêvé toute la nuit ! C’est étrange parce que ça fait bien réel, tout ça.
On y est tous. Certains sans livre et, s’enivrent de phrases et de mots échappés de notre petit groupe.
Ils sont assis là, par hasard. Constatent que les fauteuils changés depuis peu, sont de bonne qualité.
La musique a cessé à l’interrupteur c’est vraiment plus pratique.
On y est bien assis, le vin bon : tout comme ce jeune couple que tout rassemble !
Ils sont beaux, jeunes, une vraie carte postale.
« Ils se croisèrent, se plurent et eurent une ribambelle de lutins, que très vite ils voulurent perdre dans la forêt… »
Et d’un coup j’ai entendu plein de voix, des sons différents.
Chacun le nez dans le livre choisi, lisait à voix haute.
Sarah lisait dans sa langue anglaise, « La vague » ou « le phare » je crois.
Fred y était attentive, :
- Ah disait-elle : il faut toujours toujours lire à voix haute son texte…
Jacinthe lisait des poèmes de Nazim Hikmet traduits en espagnol.
D’autres avaient choisi Marguerite D. On l’appelle par son prénom.
D’ailleurs avec ses grosses lunettes, on l’a aperçu dans l’escalier, un reflet peut-être, juste dans le miroir.
Geneviève, la grande, dansait.
"Je reste debout, dit-elle, le son me parvient mieux en stéréo. »
Jacqueline tente de chercher l’interrupteur,
Geneviève tient la télécommande et ne semble pas vouloir la lâcher.
Caroline parlait une langue verte et coquelicots, remplie d’embruns.
Je ne sais pas pourquoi à cet instant je me demande si Marie-Anne dort avec ses boules Kiès,
elle ne pourra décidément pas nous entendre ni nous rejoindre !
Il y des gens qu’on voit du bas vers le haut, c’est comme si le plafond était en verre :
A une des tables, au premier étage du café de Paris, des verres de Jurançon trinquent et tintent..
Non non, il y a carrément la bouteille sur la table.
Sur le mur , les lettres de Scrabble forment : « rue-du-paradis-des-mots »
Jeanine, Aline, Josiane, Serge et Jacqueline lèvent leurs verres.
J’ai essayé de monter quatre à quatre les marches. Je voulais tellement aller embrasser Jeanine.
On avait encore toute une correspondance en suspend.
Des larmes me venaient quand j’ai entendu sa voix.
Tu as raison Fred, il faut enregistrer notre voix, elle reste si vivante.
Jeanine lisait des passages des lettres que Charles Juliet lui avait écrites.
Charles était au bar, riant avec Marc, de vieux amis de longue date.
Il avait pu avoir le dernier train Lyon/Rennes.
Là, je ne sais plus… J’ai déraillé...C’est le blanc.
J’ai du quitter précipitamment le café de Paris.
-Il prend de la place le camping-car d’Antoinette, me suis-je entendu dire...
J’ai roulé roulé, me cognant aux parois comme dans le tronc d’Alice aux pays des merveilles …
J’étais en âge ! Dans ma chambre, les lettres lumineuses du réveil que dis-je ! les chiffres, marquaient quatre heures.
Ah les filles d’Avril, Qu’est ce qu’elles rêvent !
« Si le monde n’a aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un. » Lewis Carroll.
Stéphane .

Il faisait tellement jour ! Rien à voir avec la dernière fois. Dehors, la terrasse était pleine et bruissait de papiers qu’on froisse et de mots échangés à mi-voix. Pourquoi tous ces gens portaient un chapeau, je n’aurais su le dire. Si c’était pour se protéger du soleil ils auraient pu choisir des coiffures plus estivales ; celles-ci versaient plutôt dans le feutre classique ou le melon. Un code peut-être dont mon isolement des jours derniers – sans internet – m’avait soufflé la clé. En tout cas pour la grande librairie, pas besoin de rappel. Deuxième jeudi, c’est Café de Paris ; Café de Paris libéré, enfin, en ce 9 juillet. Personne n’avait encore eu le temps de partir en vacances, et puis, hein, on n’allait pas attendre septembre !
Pas question de terrasse pour nous. J’ai juste attendu Roselyne qui tirait une valise, et direction le salon du bas. « On attend encore pour la commande ? » nous a lancé le jeune serveur après un signe de tête en guise de bonjour et avant que nous ne nous précipitions dans l’escalier. Au sens étymologique et improvisé de « tête la première », la précipitation ; fichue valise ! Pas sûr que la jeune homme ait compris « oui » dans le double cri qui a accompagnée notre descente peu orthodoxe. Plus de bruit que de mal en tout cas, hors la valise ouverte et les dizaines de livres arrivés avant nous.
« T’as lu tout ça ?
- Bonjour aussi, non rien de cassé. »
Ben oui, elle avait lu tout ça, Roselyne. Quatre mois !
« Je vais juste parler du dernier, mais j’ai tout apporté pour marquer le coup.
- A propos de coup, il vous a dit qu’il pense à nous, là-haut ?
Question de Steph qui tout en exprimant son rêve de Jurançon se mêlait aux embrassades.
Bon sang, ça faisait du bien ! Pas le Jurançon, pas encore. Les amis là, qu’on pouvait approcher et prendre dans ses bras. Ils étaient venus, ils étaient tous là. Enfin, il y avait du monde, quand on aime on ne compte pas. Ici pas de couvre-chefs mais on aurait pu intituler la rencontre « Si nous parlions de coiffeur ». Jacqueline, qui de sa belle carrière a gardé un faible pour les galopins, avait attaché ses cheveux en une petite queue de cheval haute avec un ruban bleu. Elle n’en conservait pas moins le sens du devoir et son carnet était déjà ouvert sur une double page blanche qui frémissait de longue frustration.
On a rapproché trois tables et réquisitionné tous les fauteuils, ou presque, parce qu’il y avait là, en plus de nous, deux femmes vieilles, très vieilles ; elles riaient et chuchotaient sous des masques de tissus couverts de signatures serrées et manipulaient étrangement, avant de les poser sur la table du bout de leur longs doigts gantés, des dominos où les points étaient remplacés par des figures ; je les distinguais mal mais ne leur aurais pas donné, comme on dit, le bon Dieu sans confession.
Finalement installés, nous avons commencé nos lectures et nos discussions. Le tout allait bon train, le crayon de Jacqueline courait, les verres tintaient… Catherine présidait comme il se doit, et dardait un œil soupçonneux sur les deux improbables aïeules auxquelles elle faisait face ; pour ne pas éveiller leur attention elle a juste agité son doigt de droite à gauche en gardant le bras au ras de la table. D’accord, pas ces deux-là, même si elles viennent au forum. Pas sûr pourtant qu’on les reconnaisse.
Il y a eu beaucoup de livres présentés et on a pris le temps qu’il fallait. Ça faisait des mois quand même. Et puis on n’ allait pas déjà bouder l’été déconfiné. Alors le serveur est revenu une fois, deux fois, trois fois… après c’est un peu flou. Le plus sûr est de lire le compte rendu de JM.
Rendez-vous sur notre site http://www.page-blanche-fougeres.fr/.
Antoinette

Le monde marche sur la tête ! Alors nous on a fait pareil ! Mais c’est les bouquins qui voulaient rien entendre. Impossible de les poser sur les genoux pour libérer nos mains. D’ailleurs liberer nos mains, pourquoi faire ? Pas boire un verre ni grignoter, ça c’est sûr !
Nous étions bien contrariés et plutôt que de lire nous avons fait un autre voyage. En dehors des livres, en dehors du temps. À tour de rôle des mots nous échappaient, des phrases aussi et notre imagination nous a porté. Chacun est parti dans un univers où parfois il emportait qui voulait bien le suivre.
C’est ainsi que Geneviève, à dos de chameau, à pris Caroline en stop. Elles ont rejoind l’oasis la plus proche pour s’y rafraîchir. Des bédouins qui les avaient vues au loin, avaient préparé pour les accueillir du thé à la menthe et des cornes de gazelle au délicat parfum de fleur d’oranger.
Steph et Françoise G étaient à leur ouvrage. Elle tricotaient une écharpe pour le prochain hivers. Une même écharpe, en laine de lama. Chacune à une extrémité, se sont retrouvées au milieu dans un cliquetis fracassant d’aiguilles avant de se décider à prendre la tengeante : le petit chemin sur la gauche après le grand chêne où vient de grimper l’écureuil !
Et moi, je me réveille la tête au pieds. Et c’est en rampant comme l’aiguille des secondes que je me remets dans l’ordre. La lampe le bouquin moi et l’oreiller, dans le désordre ! Ah j’oubliai la couette !
Françoise P.

«  Je cours. Je me vois courir comme une dératée sur le sol ferme du boulevard St Germain. Il est presque 19 heures. Je transpire . Je suis en nage . Mes bottes noires alourdissent ma course effrénée. Je vais être en retard. Mon coeur va lâcher tant il bat la chamade. Je n’avance pas. Je suis à bout de souffle. On m’attend au Café de Paris pour la Grande Librairie du deuxième jeudi du mois. J’ai des responsabilités. Je suis responsable du compte-rendu de la soirée. Mes jambes ne suivent pas et pèsent des tonnes . Mon livre de brouillon tombe sur le trottoir. Il pleut. Heureusement j’ai eu le temps de m’habiller et j’ai pris mes lunettes. Monsieur Serge de Toledo a les bras chargé de livres de science fiction et de sciences tout court. Marion se baisse pour ramasser mon livre de brouillon.La pluie redouble de violence. La nuit tombe. Nous courons tous les trois vers une maison éclairée. On ne connaît personne. Je descends un escalier. Je me vois descendre l’escalier. Il conduit dans la salle du bas du Café d’en haut. Vide . Il semblerait que je sois la première arrivée. Je suis épuisée mais je ne suis pas tombée. Mr Serge a disparu et Marion aussi. Je suis trempée. Je ne trouve pas cela désagréable du tout. »

Dans la rue des Tilleuls, à travers la fenêtre aux volets ouverts, la lumière des phares d’une voiture, le bruit d’un moteur. Le porteur de journaux dépose Ouest-France dans la boite à lettres. Il est 6 heures 30 du matin, jeudi 9 avril 2020 . Je me réveille. Je suis confinée depuis 24 jours et depuis 24 jours au matin, je dis à haute voix pour en être bien sûre : Je ne suis pas malade.

10h : Sur l’ordinateur, la consigne d’écriture du jour 24 du Grand Atelier du Grand Confinement : Rêvons donc de cette rencontre au Café de Paris…

Demain, lorsque je vous aurai entendu(e)s , j’écrirai le compte-rendu de notre rencontre au Café de Paris du 9 avril 2020 .
JM

Le mois de décembre était à ces débuts . Il faisait froid ce jeudi soir avec dans le ciel une promesse de neige, mais plusieurs personnes de Page Blanche s’étaient déplacées. Il faut dire qu’il faisait bon dans cette salle en sous-sol du café de Paris. Nous avions toutes et tous déposés les manteaux, écharpes et bonnets et étions bien installés dans les fauteuils confortables autour des petites tables basses. Le serveur venait de nous apporter thé, chocolat fumant, et même quelques boissons parfumées au rhum.
Jacqueline, Roselyne ? Je ne sais plus qui avait proposé d’apporter des livres et de nous raconter des contes de Noël. Stéphan commença, elle ouvrit un joli livre relié de rouge avec sur la couverture les lettres dorées du titre. Dés qu’elle entreprit sa lecture, des elfes s’envolèrent d’entre les pages. Ce qui est surprenant c’est que personne ne sembla surpris par ces apparitions ! Ils voletèrent dans la pièce un moment et disparurent par l’escalier le conte achevé. Jacqueline poursuivit avec un tout petit fascicule, un livre pour enfant sans doute, elle l’ouvrit et une ribambelle de minuscules fées se répandirent sur les épaules des participants. Il y en eu même une qui alla humer un verre de thé qui restait sur la table. Une fois sa lecture finie, les fées dans un ensemble parfait prirent également le chemin de l’escalier. Toujours aucune réaction. Je me demandais si j’étais la seule à les voir mais je n’osais rien dire. Roselyne sortit de son sac un livre de poche, j’attendais avec impatience ce qui allait en sortir... Fifft une flamme rose orangée suivie par un dragon jaune et doré d’une dizaine de centimètres apparut, il était monté par un tout petit bonhomme ventru avec un bonnet rouge. Il alla s’installer sur l’épaule de Marc qui lui grattouilla la tête. La bestiole sembla apprécier.
Ainsi à chaque lecture, de chaque livre sortaient des chats, des oiseaux, une toute petite fille tirant un sapin bien plus gros qu’elle, un bonhomme de neige, un lapin blanc (sans montre !) un renne et son traîneau chargé de cadeaux...
Quand soudain, je pris conscience que j’avais apporté un livre, de conte certes, mais qui racontait des histoire de trolls, de géants maléfiques, de loups affamés, d’ogres insatiables. Était - il prudent de le sortir ?
Quand vint mon tour, j’arguais que j’avais oublié mon livre dans la précipitation du départ. Nous nous aperçûmes juste à ce moment là que la neige commençait à tomber. Tout le monde décida de rentrer chez soi. On se dit au revoir devant le café sous les flocons de neige qui tombaient paresseusement et qui recouvrait déjà la place d’une mince couche scintillante. Tout le monde semblait heureux et satisfait de ce moment partagé. Marc dit :
– Il faudra recommencer l’année prochaine.
– Oui, c’était trop amusant ! Renchérit Antoinette.
Je me dirigeai vers le parking, quand je fus dépassée par le dragon jaune doré suivi par un elfe hilare qui me fit un petit signe d’au revoir et je lui répondis de même.
C’est à ce moment là que je me suis réveillée.
Françoise

17 H 50, je rentre , le soleil se couche. Nous sommes le 21 juin 2020. Un chien aboie, bizarre, je croyais que les chiens avaient disparu de la surface de la terre depuis la crise sanitaire due au covid 19 de mars 2020. IL fait nuit maintenant, il fait deux degrés dehors.
Je me fais un thé que je laisse infuser sur la table de la cuisine. Derrière la vitre de la fenêtre, une lune blanche perce le ciel noir. Je bois mon thé en silence, la radio ne fonctionne plus. La télé n’existe plus, les technologies disparues aussi. La lune est scintillante. Depuis le covid 19, il n’y a plus de saison, il ne gèle plus, la température maximum est de 15 degrés. Le jour se lève à 10 h 00 et se couche à 18 h 00. C’est l’enfer pour les gens qui travaillent le jour dans les entrepôts fermés, comme moi, et qui sortent à la tombée de la nuit. Le jour manque, c’est le prix à payer pour les survivants. Il y a un couvre-feu fixé à 21 h, je dois me dépêcher, il est 18 h 15, il faut que j’y sois à 19 h 00, je ne trouve pas mon laissez passer, je fouille dans le tiroir, le voilà. Je file prendre une douche, mes vêtements jetables au fond de la poubelle. Le silence me pèse depuis quelque temps alors que c’est le bruit avant qui me pesait. Je n’entends pas mon mari, les voitures qui ramènent les parents et les enfants de la garderie. Pourquoi n’y a-t-il personne ? Sauf ce chien qui aboie.
Il est 19 h, je suis en retard, je démarre ma voiture, le voyant m’indique que le niveau d’essence est faible. Pour me rendre à FOUGERES, ça ira, il y a une station essence près du Café de Paris où je me rends. C’est là où je rejoins les membres de PAGE BLANCHE et quelques autres pour notre « café littéraire » mensuel. Je suis en train de lire le livre post-mortem de John IRVING « le nouveau monde de Garp ». Je dépasse le panneau « FOUGERES », une guérite ouverte, ces éclats de verre par terre, j’avance sur une route défoncée. Il fait nuit noire, il n’y a personne. J’ouvre la vitre, je n’entends que le bruit du moteur. Je n’ai pas peur, c’est pourtant très étrange. D’habitude c’est la peur de vivre qui m’accable. Aujourd’hui, aucune peur comme si je sautais dans le vide au bout d’un élastique. Je me gare, j’éteins mes feux. Je remarque seulement maintenant que la ville est noire elle aussi, pas d’éclairage, pas de mouvement. Dans la poche de mon manteau, une petite lampe que j’allume. Pas de station service, pas de « Café de Paris ». Mes yeux s’habituent au noir, dans la ville pas d’immeubles, des petits monticules en plusieurs endroits. Je trébuche dans les tas de pierres. Je déambule un peu, désemparée, je reviens sur mes pas. Mes chaussures se heurtent à un objet que j’éclaire, c’est l’enseigne « le Café de Paris » , je sens à ce moment précis une angoisse sourdre, sous l’enseigne, des bougies alignées sur des feuilles de papier elles aussi alignées. Je récupère les feuilles en un petit tas et je regagne ma voiture. Je n’ai plus de carburant. Il va falloir que je marche pour rentrer chez moi. Je marche dans la ville avec l’infime lumière de ma lampe, c’est une ville fantôme que je traverse. Soudain, un chemin pierreux éclairé par la lune scintillante. Je gravis le sentier et j’atteins une clairière ou je peux m’asseoir. La lune descend près de moi, elle m’éclaire assez pour que puisse commencer ma lecture.

Laurence