LGL du Café de Paris du 9 mai 2019

jeudi 23 mai 2019, par Frédérique Niobey

La Grande Librairie du Café de Paris du jeudi 9 mai 2019

Un haut-parleur parlant beaucoup trop haut, s’est, toute la soirée, ingénié à monter en puissance une clique de basses rien que pour nous gâcher le moment. Pas la faute de l’établissement compréhensif mais de l’engin calé dans son coin, indéboulonnable en la circonstance !
Alors, entre deux lectures je me suis prise à rêver des Nocturnes de Chopin en sourdine qui auraient posé leurs douces notes sur les mots de Lydie Salvaire lus par Jacynthe dans le récit de cette nuit passée au musée Picasso. Exposition Picasso-Giacometti pour une expérience d’enfermement. Lydie Salvaire n’aime ni les musées, ni les lieux d’expo. Elle y va de son ton railleur et râleur tout en faisant l’éloge de Giacometti. « Marcher jusqu’au soir » titre de son dernier livre édité chez Stock. Une phrase infinitive qui laisse apparaître en fond d’écran « L’homme qui marche » de Giacometti.
L’homme vient de quelque part et marche, tendu à l’extrême, vers un ailleurs indéfini dans une profonde solitude, les deux pieds bien ancrés au sol. Marche comparable à celle de l’auteur ?A la nôtre ? Pour aller où ? Vers quoi ? Vers qui ?

L’automne en Provence décrit, respiré, senti, ressenti par René Frégni aux éditions Gallimard. « Une mélancolie solaire » dit la bande rouge qui recouvre le roman. Manosque et ses alentours aux parfums de rose, de lavande, d’oliviers et de livres empilés chez le libraire Joël, de lieux désaffectés qui reprennent vie. Jolie promenade bucolique !
Précieuse, la prep d’Annick sur « Dieu n’a pas réponse à tout (mais il est bien entouré) » et de relire après-coup ce résumé jubilatoire : Ça pourrait commencer comme ça : C’est l’histoire d’un mec malheureux qui rendait tout le monde malheureux autour de lui et de Dieu qui pense en voyant ça : « Il va tout faire péter, ce con... ». A lire absolument cette BD de Benacquista et Barral publiée chez Dargaud qui fait défiler un tas d’ auxiliaires célèbres nommés par Dieu à la rescousse de ce Tout Puissant qui reconnaît semble-t-il ses limites. Trop bien !!!

Pour rester dans la drôlerie lisez aussi « Tiens ferme ta couronne » de Yannick Haenel chez Folio. Si j’ai bien compris tout ce qu’a dit Fred, ce livre raconte l’histoire d’un écrivain fan de Michaël Cimino et qui a écrit un scénario qui n’intéresse personne, sur la vie de Herman Melville. Très déprimé, enfermé dans son appartement parisien, il ne fait rien, boit beaucoup, regarde des DVD. Rocambolesque et Prix Médicis en 2017 .

« L’homme qui marche, immobile, figé et en même temps mouvant… Solitaire, absolument solitaire, absolument impénétrable, clos, retranché en lui-même, hors d’atteinte...Penché vers l’avant sous le poids d’un fardeau invisible qui courbe ses épaules , sachant que Dieu est mort et qu’il n’y a ps d ‘arrière-monde, pas de consolation, pas de promesse, pas de secours, pas d’issue devant la terreur du néant. » Lydie Salvaire p17 .

JM