Un acier de qualité c’est important.

vendredi 8 décembre 2017, par Webmestre

Ne fais pas la gueule ! Passer des chiens écrasés à l’enquête sur l’oeil du tigre, c’est une promo !
J’acquiesce, mais je n’en pense pas moins, le préfet n’a pas bonne réputation au journal…
J’obtiens un rendez-vous pour 14 heures.
Le secrétaire me fait entrer dans une pièce confinée, sentant la poussière. Pas de fenêtre, une seule porte, cela ressemble plutôt à un cachot. Une malheureuse lampe à pétrole s’emploie laborieusement à déposer une lumière jaune pisse sur tout le mobilier proche.
Un cliquetis et des gémissements d’impatience attirent mon attention vers un coin assez sombre de la pièce, mon regard s’aiguise, il n’aurait pas du.
Le molosse me fixe, la bave opalescente coule difficilement de ses babines lourdes. Les canines inférieures apparaissent comme de petits poignards blancs. La chaîne qui retient l’animal est tendue à rompre et je prie le patron des forgerons pour qu’elle soit faite d’un acier sans défaut. Le parquet est labouré au niveau des pattes.
Je tente un « il est beau le chien, il est beau », la mâchoire claque frénétiquement. Est-ce une forme d’approbation ? Dois-je tendre la main pour le gratter à l’encolure ? En tout cas jamais au-dessus de la tête il paraît qu’ils voient ça comme une menace !
Je n’ai pas le temps de prendre une décision, la porte, la deuxième, celle qui est camouflée par le papier peint s’ouvre.
Une odeur indéfinissable, acre, lourde, sucrée et orageuse, suffocante terreuse et sale envahit la pièce.
Mon regard lâche les yeux du monstrueux canidé et atterrit sur le visage du préfet.
"Lucien Glaire" me sussure-t-il en me tendant la main.
Une nausée brutale me submerge, je vomis mon repas sur le sol et je perds conscience.
Quand je reviens à moi, je suis toujours par terre, et le Rotweiler, libre, finit de lécher le parquet.