Texte de Roselyne

jeudi 26 novembre 2015, par Webmestre

La photo  : une rue sous la pluie, deux personnes sous des parapluies, un groupe de trois jeunes marchent têtes baissées...
Première phrase  : Une petite pluie fine, les trois jeunes hâtent le pas, la tête courbée, les gouttes perfides s’infiltrent malgré tout dans les cols, glaciales. Ils se dirigent vers un café pour passer un moment ensemble
Proposition  : Le metteur en scène n’avait pas prévu une journée si ensoleillée mi-novembre. Les acteurs en tenue légère et T-shirt ont du enfiler les imperméables et déployer les improbables parapluies sous le ciel bleu azur.
Une météo hivernale factice. La soufflerie s’active, s’immisce sous les cirés, retourne les parapluies. Les gerbes d’eau bienvenues sous les 25° inondent les pavés, la grisaille fait illusion grâce aux spots qui enténèbrent l’ambiance estivale. L’été indien est métamorphosé, les couleurs sont inversées, l’azur se mue en grisaille

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« Coupez  » hurle le metteur en scène.
Là, c’est la pluie qui ne pisse pas assez drue qui le met en rogne, avant c’était les pavés qui ne brillaient pas assez, il y a eu aussi les tags trop rouges, la grisaille pas assez grise,et la soufflerie anémique... En fait rien ne va aujourd’hui, il fait trop chaud, le soleil brille trop, le ciel est trop bleu, c’est la canicule, et sur le plateau l’ambiance est électrique. Les trois jeunes starlettes s’éclipsent discrètement, se délestent vivement des cirés et des bottes, courent sur la plage et vont se jeter fébrilement dans les flots. Très vite rappelées sur le plateau, elles retrouvent les cirés, la pluie, reprennent leurs marques, respirent un grand coup, cachent le trac qui leur vrille le ventre, c’est leur seule scène, celle qui va décider de la suite de leur carrière  !
« Silence  !  »
« Moteur  ! On tourne  ! »
Elles avancent sous des trombes d’eau, la star immobile sous un large parapluie sombre les attend dans un smoking blanc impeccable, le regard bleu acier les transperce, la voix chaude claque dans le silence  :
- « Bond, James Bond  »