"La ville vous connaît mieux que quiconque car elle vous a vu quand vous êtes seul." Colson Whitehead

vendredi 24 avril 2015, par Frédérique Niobey

Qu’a-t-on installé en haut du pylône électrique ? Un œil rond qui bouge de gauche à droite et de droite à gauche lentement. Tu t’arrêtes à quelques mètres du pylône. L’œil s’arrête aussi, te fixe, te regarde, t’observe. Tu te gratte la tête, te demandant si quelqu’un, quelque part, sourit devant ta perplexité. Que pense-t-il alors de toi ? Tu t’éloignes, pas envie de rester sous le regard inquisiteur de l’œil. Mais bientôt dans l’autre rue un autre œil. Il te suit du regard. Tu t’arrêtes, il se fige. Tu as envie de lui tirer la langue. Mais quelqu’un quelque part risque de ne pas apprécier. Au lieu de te laisser tranquille, ne va-t-il pas te poursuivre de rue en rue, décryptant le moindre de tes gestes, consignant ton itinéraire, profilant la moindre de tes expressions faciales...
Entrer dans une boutique. Disparaître dans une bouche de métro. Rentrer chez toi fermer les volets et la porte à double tour. La ville te scrute, te détaille, te numérise. Impossible d’y échapper. Prisonnier de la sécurité. On l’avait prédit, c’est arrivé. Que faire ? Fuir la ville et ses yeux.

Françoise