Laissons parler nos coeurs.

mardi 9 septembre 2014, par Catherine Cousin

Joli cœur creusé par les vagues dans le rocher de granit rose

Tout petit cœur tombé du ciel pour ronronner dans mes bras

Nouveau cœur, entièrement artificiel, compagnon de seconde vie

Laissons parler nos cœurs !

Bon pour vivre !

En écho d’une lecture de l’été : « La Vie tranchée » de Bénédicte des Mazery, un des coups de cœur présentés au café de Paris cette année, voici le témoignage de Jean Guéhenno dans son « Journal d’un homme de 40 ans », blessé en 1915, il est écarté du front : « J’avais été déclaré « inapte », comme on disait. » « De temps en temps, tous les trois ou quatre mois, je passais devant une commission médicale. On me pesait, on m’auscultait, on écoutait battre mon cœur, souffler mes poumons. « Inapte ! » J’étais bon pour vivre ! » « Et puis je retournais à mes métiers d’occasion. Il y en eut d’assez vils. Pendant des mois, de service dans un contrôle postal, j’ouvris les lettres des autres, surveillai toutes les correspondances »

voici un second extrait qui raisonne (oui !) et résonne en cette année anniversaire :
« Presque tous mes amis sont morts à la guerre. C’est maintenant seulement que je sais bien tout ce que cela veut dire. Maintenant seulement que je puis juger comme il faut ce massacre d’il y a vingt ans, toutes ces morts prématurées et innombrables. Et je sens en moi la révolte grandir.(...) Je dirai donc que cette innombrable mort fut inutile. Je dirai donc que j’ai conscience que mes amis sont morts pour rien. Pour rien. Pour moins que rien, si ces millions de corps pourrissants empoisonnent l’Europe, si chaque tombe est un autel où s’entretiennent la rancune et la haine, si depuis vingt ans nous cédons à je ne sais quel prestige du sang et de la mort. Tout cela, où s’est dépensé tant de cœur, n’a été qu’une bêtise inutile et démesurée . »

Laisser parler son cœur...